Meunier ! tu dors ?


Homblières eut son moulin à vent, tout comme Marcy. Même disparus, ceux-ci restent présents par les lieux-dits : "Le Moulin fondu" en allant vers Marcy , et "La Motte du Moulin" en allant vers Harly.

N’oublions pas ceux qui les faisaient fonctionner. Le bonnet sur la tête et les joues farinées, ils se sont succédés aux commandes de leurs belles machines : "moulin à vent et usine à bled" comme on disait à l'époque!

Qu'ils se nomment BOURRE, GERVAIS, DEMANGY, CLERC , DHERVILLY, LEFRANC, BEAURAIN, DOUCY, PECQUEUX, ou OBJOIS, de 1737 à 1819 (selon les archives consultées) !

Ils officiaient en tutoyant le vent, transformant le blé moissonné dans les champs voisins en cette blanche farine dont nos boulangers allaient faire le pain.

Le moulin du village appartenant aux bénédictins d’Homblières, le meunier avait des obligations vis à vis de l’abbaye :

Non seulement il s'engageait à payer, chaque année, le cens, la rente foncière et la dîme, mais il devait régler annuellement 300 livres pour le bail signé pour 9 ans, et pour lequel le pot de vin (= pour boire) était fixé à 150 livres !

Enfin, le mercredi des Rogations, il était tenu d’offrir un déjeuner aux religieux et aux habitants qui étaient à la procession , sur la motte-même de son moulin , respectant ainsi l’une des clauses de son bail .

C'était un déjeuner d’une valeur de 4 livres.

Et si la procession n’avait pas lieu, le meunier devait s’acquitter de cette somme à la Trésorerie de l’abbaye.

A la Révolution, le moulin des moines fut vendu à des particuliers.

En 1888, à Homblières, ce dernier moulin, qui avait fonctionné à la vapeur, s’est endormi, laissant au repos ses 4 paires de meules !


Aujourd’hui, à l’horizon, se profilent d’autres ailes ; mais ces drôles de moulins n’auront jamais le charme des anciens.


Gérard MONSIEUR