Ecole mixte de Marcy-Sous-Marle


Questionnaire


A.- Territoire occupé par les armées allemandes


I.- Généralités


a).- A quelle date les Allemands ont-ils pris possession de votre village ?

31 août 1918


b).- La prise de possession s’est-elle effectuée à la suite d’escarmouches, à la suite de combats sanglants, ou sans coup férir ?

Le village a été occupé sans coup férir.


c).- Quelle a été l’attitude de l’autorité militaire à l’égard de la population pendant les premiers jours ?

L’autorité militaire ne s’est pas montrée tracassière, elle ne s’occupait que des réquisitions de grains et de bon vin.

Dans la suite de l’occupation?

L’autorité militaire a été ensuite dure, hautaine à l’égard de la population, qui a été complétement privée de viande à partir de 1915.


d).- Pouvez-vous rapporter quelques propos authentiques tenus par des officiers ou des soldats, et qui soient caractéristiques de leur état d’esprit ou de l’opinion publique en Allemagne à cette époque ?

Tous disaient et croyaient que c’était la France qui avait voulu et déclaré la guerre, que la France serait vaincue et qu’on lui prendrait le nord-est.


e).- Pouvez-vous citer quelques ordres ou prescriptions émanant de l’autorité ennemie où se manifestait plus spécialement son système de « guerre aux civils » ?

Les ordres reçus n’existent plus.


f).- Si possible, prière de joindre quelque spécimens d’affiches apposées par les soins ou sur l’ordre de l’ennemi, ou quelque document authentique digne d’intérêt, (ces documents seront exposés et renvoyés par la suite à leurs possesseurs, s’ils les réclament).

La mairie n’a plus rien.


II.- Des rapports de l’Autorité ennemie avec la population scolaire


a).- Les établissements d’instruction (écoles, etc.) ont-ils été ouverts pendant toute la durée de l’occupation ? Ou momentanément fermés, ou ont-ils été fermés pendant toute la guerre?

Ils ont été ouverts pendant toute la durée de l’occupation, excepté la dernière année: l’école se faisait par intermittence, tantôt dans un local, tantôt dans un autre.


b).- Quelles ont été les prescriptions particulières édictées par les Allemands à l’égard des établissements d’instruction ? (Prière de joindre, si possible, des documents à l’appui)

Tenir la classe tous les jours, même le jeudi ; comprendre l’instruction religieuse dans le programme ; faire réciter la prière le matin ; afficher les commandements de Dieu dans l’école.


c).- Le commandant de place s’est-il immiscé dans les services d’enseignement ?

Non.


d).- Des officiers délégués ou inspecteurs allemands ont-ils émis la prétention de contrôler l’enseignement? Ont-ils pénétré dans l’école ? Ont-ils interrogé les élèves ? Pouvez-vous citer, à cette occasion, des réponses d’élèves méritant d’être mentionnées ?

L’évêque in partibus de Mortiers fut désigné comme inspecteur des écoles ; il les visita, donna des devoirs aux élèves et les interrogea. Les instituteurs montrèrent ce qu’ils étaient: ils n’exécutèrent pas les ordres donnés concernant l’enseignement religieux.


e).- Les élèves des établissements (écoles, etc.) ont-ils été contraints à quelques travaux manuels ?

Quelle a été l’attitude des élèves dans ces circonstances ? Particularité, réponses, réflexions dignes de remarque.

Les élèves, sous la conduite de leur maître, ramassèrent des pommes, des fruits de toutes sortes, des orties, des plantes médicinales, ils glanèrent (les glanes étaient distribuées aux propres de poules car les œufs étaient réquisitionnés).

Les élèves regimbaient ; il fallait l’autorité du maître pour les obliger à faire ce qui était commandé ; il y allait de la sécurité de la commune.

Les élèves répétaient constamment : « Ah ! Ces c…. de Prussiens, dans combien de temps f…. le camp ? »


f).- Quelle a été, en général, l’attitude des soldats à l’égard des enfants ? L’attitude des enfants à l’égard des troupes ?

Les soldats aimaient beaucoup les enfants et, au début, quand ils avaient des provisions, ils partageaient avec les enfants ; d’ailleurs je faisais tout ce que je pouvais auprès des cuisines installées pour que les enfants aient leur part, et ils l’avaient. Les enfants se comportaient bien à l’égard des soldats: la faim les obligeait à une telle conduite. Quand les troupes furent privées de tout, les enfants se montrèrent moins dociles.


g).- Le séjour des troupes allemandes a-t-il influé en quelque mesure sur le parler local ? Quelques mots allemands, plus ou moins déformés, y ont-ils pénétré, et paraissent-ils devoir persister ?

(Donner une liste de ces mots, et leur sens.)

Le parler local est resté tel qu’il était avant la guerre : il n’y a pas eu assimilations.

L’instituteur,

T. Sibile



Source : BDIC La Guerre dans le ressort de l’Académie de Lille. 1914-1920

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