Emile DRIANT

Officier, écrivain, député

Né le 11 septembre à Neufchâtel-sur-Aisne (Aisne)

Tué au combat du Bois de Caures, devant Verdun , le 22 février 1916

  • Officier

Il s'illustra dans la défense du Bois des Caures, au début de la bataille de Verdun.
"Verdun doit être une bataille d'épuisement", avait dit le général allemand. Un million d'obus sont tirés entre février et juillet 1916. Les deux bataillons de chasseurs du Colonel Driant (56è et 59è BCP, depuis appelés "Les Chasseurs de Driant") reçurent la première vague d'assaut. Emile Driant résista jusqu'à la mort, faisant évacuer le Bois par ses hommes. Resté le dernier, il tomba en portant secours à son ordonnance.
Au bois des Caures, un monument porte l'inscription "Ils sont tombés en silence sous le choc comme une muraille".

(voir le récit du combat du Bois des Caures)
  • Ecrivain

Sous le pseudonyme de "Capitaine Danrit", Emile Driant, alors commandant, écrivit une trentaine d'ouvrages, dont :
- "La guerre de demain", préfacée par Jules Claretie, et dont un des volumes "La guerre de forteresse" fut couronné par l'Académie française (Prix Monthyon).
- "L'invasion noire", préfacée par Jules Verne.
- "Histoire d'une famille de soldats" en 3 tomes (dont le célèbre "Jean Tapin").
Juste avant la guerre, il était pressenti pour succéder à Albert de Mun à l'Académie française. Son ami Maurice Barrès avait accompli les démarches nécessaires.

  • Député

Député de Nancy de 1906 à 1916.
Défenseur de la Loi de trois ans, contre Jaurès.
Créateur de la "croix de guerre" :
Au début de la guerre de 1914-1918, le besoin s'est fait sentir de créer une récompense pour les combattants courageux qui obtenaient une citation. En effet, les distinctions de l'époque ,Légion d'Honneur et Médaille Militaire, ne répondaient pas à cette préoccupation. C'est ainsi que Maurice Barrès demandait "la création d'une nouvelle récompense militaire, d'une médaille, pour que le chef puisse décorer ses plus braves soldats sur le champ de bataille après chaque affaire".
Le 28 janvier 1915, le député Driant, rapporteur de la commission de l'armée, remit un rapport favorable à la création d'un ordre récompensant la Valeur Militaire, mais en lui donnant un nom bref, qui sonne fièrement et qui, à lui seul, exclue la faveur et l'ancienneté... Appelons cette nouvelle décoration, "la Croix de Guerre", devait-il conclure
.

LE COMBAT DU BOIS DES CAURES

(21 - 22 février 1916)

En février 1916, le secteur du Bois des Caures est occupé depuis novembre 1915 par le Groupe de Chasseurs du Lt-Colonel DRIANT. Le Groupe comprend le 56ème B.C.P. (capitaine VINCENT) et le 59ème B.C.P. (Commandant RENOUARD). Depuis plusieurs semaines, les deux bataillons, alternativement en ligne, ont renforcé leurs positions et aménagé leurs défenses, sous 1’impulsion de DRIANT, qui pressent une attaque imminente.

Le 21 février, à 7 heures du matin, le premier obus tombe sur le bois et DRIANT, sachant que l'heure du sacrifice a sonné, rejoint son PC avancé, au milieu de ses Chasseurs, qu’i1 ne quittera plus.

Le bombardement devient si dense que tout le terrain semble miné. Dès 10 heures, le bois est

impraticable, c'est un vrai chaos. A 17 heures, le bombardement cesse brusquement, puis le tir reprend, mais très allongé. C'est l'attaque, rapide, brutale; souvent même, la lutte au corps à corps. Malgré des actes d'héroïsme extraordinaires, quelques tranchées sont prises.

Le soir venu, l'ennemi est maître d'une partie des premières lignes. Mais les Chasseurs de la

compagnie ROBIN contre-attaquent dans la nuit glacée, reprennent leurs tranchées et sèment la

panique parmi les Allemands, persuadés que les défenseurs étaient tous hors de combat.

Vers minuit, le colonel DRIANT parcourt tout le secteur, va à l'extrême pointe des tranchées et encourage tous ces braves.

Le 22 février au matin, si les Chasseurs ont reconquis les tranchées de première ligne perdues la

veille, partout ils sont à portée de grenade de l'ennemi. Dès 7 heures, un bombardement, aussi

formidable que celui du matin précédent, reprend. A midi, la canonnade cesse. Les Chasseurs survivants bondissent à leurs postes de combat. Leur Colonel est au milieu d'eux; il prend un fusil et fait le coup de feu.

Le Bois des Caures n'est plus qu'un amas de troncs et de branchages entremêlées. Les masses ennemies l'enveloppent. Trois compagnies de première ligne succombent à leur poste, submergées par

deux régiments d'assaut. La compagnie SEGUIN fait merveille. On se bat à la grenade tant qu’i1 y en a, puis à coups de pierre, à coups de crosse.

A 13 heures, nouvelle attaque. Toujours un fusil à la main, DRIANT est sur le dessus de son poste de commandement, au milieu de ses agents de liaison. Il est d'excellente humeur. Tireur d'élite, il dirige

les tirs, annonce le résultat des coups, les fautes de pointage. La compagnie SIMON contre-attaque et

fait même des prisonniers.

A 16 heures, il ne reste plus qu'une centaine d'hommes autour du Colonel DRIANT, du Commandant RENOUARD et du Capitaine VINCENT. Tout à coup, des tirs viennent de l'arrière. Le Bois des Caures est tourné. C'est la fin. Il n'y a plus grand chose à faire, que de mourir sur place. C'est le choix de DRIANT.

Mais ses adjoints finissent par le convaincre qu'un repli permettrait de reprendre le combat plus tard, avec de nouvelles forces. Trois groupes s'organisent. Le groupe du Colonel comprend la liaison et les télégraphistes. Chacun s'efforce de sauter de trou d'obus en trou d'obus, cependant qu'une pièce allemande de 77 tire sans arrêt. Le Colonel marche calmement, le dernier, sa canne à la main. Il s'arrête un instant pour faire un pansement provisoire à un Chasseur blessé, dans un trou d'obus. Il reprend sa progression, seul, lorsque plusieurs balles l'atteignent: «Oh là ! Mon Dieu! » s'écrie-t-il.

Le député de Nancy s'abat face à l'ennemi, sur cette parcelle de terre lorraine.

Des 1200 Chasseurs de DRIANT contre lesquels se sont acharnés les divisions du XVIIIème Corps d'armée allemand, moins d’une centaine seulement sont sauvés. Le Kronprinz s'attendait à une résistance de quelques heures. Cet arrêt imprévu de deux jours permet aux réserves d'arriver. .

Verdun ne tombera pas.

 

Monument devant sa maison natale à Neufchâtel sur Aisne

Détail du monument aux morts de Neufchâtel sur Aisne

Fiche et photographies : Régis DRIANT (petit fils du colonel Driant)

©genealogie-aisne2006 -réédition de la fiche de 2006