Union géographique du Nord – Section de Laon

Canton et arrondissement de Vervins.

 

Commune de NAMPCELLES LA COUR.

 

Géographie physique.

 

La commune de Nampcelles la Cour, petit village de l'ancienne Thiérache, est située sur le 49° 46' 5 de latitude septentrionale et sur le 1° 40' de longitude est du méridien de Paris. Son étendue superficielle est de 1088 hectares 97 ares 25. Son territoire se compose d'une partie de la forêt de l'état (forêt du val Saint Pierre) 145 h 52 a 90 ; de terres labourables d'assez bonne qualité 707 h 70 a ; de prairies naturelles 167 h 44 a 02 ; de jardins et vergers 37 h 93 a 82 ; le reste 31 h 36 a 51 est occupé par les chemins, la rivière et les terrains bâtis. Son terroir quoique froid est fertile.

 

Les divisions sont : Nampcelles la Cour (village), Maliaux (hameau), Ramouzy et Belle-Fontaine (fermes isolées), le Moulin et Baillibelle (écarts). Les lieux-dits sont très nombreux : 122. Les principaux sont : haie de Marle, chemin de Plomion, dessus la ruelle Jean Simon, chemin perdu, horle tortu, bout des haies, derrière le bois, borne blanche, voyette de Bancigny, fond des Eburgniers, la petite place, les Aunois, hivier Nadon, le bosquet, dessous la justice, dessous de la borne blanche, terres au bosquet, les pendants des Eburgniers, chemin de Lambercy, grand Courti, au dessous de la fontaine des Clercs, entre deux fossés, sous Toupiresse, au dessous de la fontaine Gaillon, fond forêt, le gros buisson, le poirier, les rigoles, les hauts prés, entre deux eaux, au dessous de la ville, croix Jean Jacques, vallée Charnieux, fond St Laurent, les 20 jallois, triage de Nampcelles.

 

Nampcelles ne s'est pas toujours orthographié de la même manière : on voit sur les registres de l'état civil qui commençent en 1674 Nanpcelle et Nampcelle ; 1680 Nancelle ; 1683 Nancelles ou Namcelle ; 1740 Nampcelles ; l'an 11 Nampcelles la Cour.

 

Le sol du territoire est montueux dans toutes ses parties ; excepté pourtant à l'extrémité méridionale où il est assez plat. Deux petits coteaux le parcourent de l'est à l'ouest dans toute son étendue et forment à leur base une petite vallée au milieu de laquelle coule la Brune ; l'un a son exposition au midi et se trouve au nord du territoire ; l'autre qui a son exposition au nord se trouve au sud et les récoltes faites sur ce dernier sont moins bonnes et moins avancées en maturité que celles exposées au midi. Ces petits coteaux sont la suite de ceux qui encaissent la rivière à sa naissance à Brunehamel et qui finissent à Rogny. A leur sommet pas de plateaux et sur les autres parties du territoire pas de plaines proprement dites. Ces petits coteaux se rattachent à ceux qui relient le plateau des Ardennes aux collines de l'Artois.

 

La commune de Nampcelles la Cour jouit d'une température un peu moins élevée que celle observée à une distance peu éloignée du côté méridional. La composition de son sol, son exposition font que la maturité des productions se trouve être retardée de quelques jours. L'hiver y est froid, humide et assez long. Les gelées printanières nuisent beaucoup aux récoltes et aux boutons des arbres fruitiers.

 

Le sol du territoire est recouvert d'une couche épaisse de terrain argilo-sableux. Les nombreux silex qu'on trouve sur le coteau nord sont employés à l'entretien des chemins vicinaux. Le sol a été formé d'alluvion dans les temps reculés.

 

Une seule rivière traverse le territoire de la commune ; c'est la Brune qui coule entre deux coteaux peu élevés, dans une direction uniforme de l'est à l'ouest. Elle prend sa source à deux endroits différents à Brunehamel et finit à Rogny où elle mèle ses eaux à celles du Vilpion. Elle n'est ni flottable ni navigable. Un ruisseau, les Eburgniers, se jette dans la Brune à Nampcelles ; ce ruisseau prend sa source sur le territoire de la commune au pied d'un tout petit coteau. Son cours est d'environ un kilomètre. Il suit une direction parallèle à la Brune, est-ouest pendant la moitié de son parcours et ensuite il coule du nord au sud jusqu'à son confluent. Il n'y a pas de marais à Nampcelles.

 

Une partie de la forêt du val St Pierre se trouve sur le territoire de la commune pour une superficie de 145 hectares 52 ares 90. Celle forêt appartient à l'état et provient de l'ancienne chartreuse du val Saint Pierre, commune de Braye. Les principales essences sont : le chêne, le hêtre, le frêne, le bouleau, le charme et le tremble.

 

On élève à Nampcelles le cheval, la vache, le porc, la poule, le mouton, la dinde, l'oie, le canard et le lapin. Les animaux sauvages qu'on trouve sur le territoire et qui se réfugient le plus souvent dans la forêt sont : le blaireau, le renard, la fouine et le putois.

 

On récolte toutes les céréales : le blé en particulier, les plantes fourragères, un foin assez bon, l'osier et les fruits qui produisent un cidre estimé.

400 habitants au recensement de 1881. La population de Nampcelles diminue beaucoup. Ce village a eu jusqu'à 574 habitants. Cette diminution a pour cause principale le manque d'industrie dans la commune. Les ouvriers se dirigent vers la ville où ils espèrent gagner de plus fortes journées ; beaucoup de jeunes gens quittent le pays pour prendre du service dans les maisons bourgeoises des villes où ils ont moins de mal qu'à la campagne où les travaux de la culture sont pénibles. L'agriculture qui souffre depuis plusieurs années ne fait plus ce qu'elle faisait autrefois. On construit peu, on est pour ainsi dire au jour le jour, il n'y a pas d'améliorations nouvelles, et certains ouvriers dont les travaux se rattachent à l'agriculture ne trouvant plus ou presque plus d'ouvrage ont été obligés d'aller à la ville soit comme employés de chemin de fer, soit comme employés chez des patrons entrepreneurs.

 

De 1870 inclusivement au 31 décembre 1883 : 34 mariages, 89 naissances, 127 décès.

 

Les habitants de la commune sont, en général, forts, bien bâtis, de taille assez élevée. Peu de jeunes gens sont réformés du service militaire pour cause d'infirmités ou de mauvaise constitution. Le régime alimentaire que l'on suit est substantiel et nourrissant. La viande de porc est d'un emploi journalier ; le boeuf ne se voit que le dimanche et la boisson dominante est le cidre du pays, cidre excellent et recherché. Un fait digne de remarque c'est la longévité d'une assez grande partie des habitants. On trouve ici beaucoup de vieillards des deux sexes encore solides, possédant toutes leurs facultés et se livrant à leur travail journalier comme des personnes de l'âge adulte. Au recensement de 1881, il a été constaté qu'il y avait à Nampcelles 19 septuagénaires des deux sexes, 10 octogénaires aussi des deux sexes. Cette longévité avait probablement pour cause le voisinage de la forêt.

Le caractère des habitants est doux et bon ; il y a chez eux beaucoup de franchise et de loyauté ; les moeurs sont encore bonnes. Les jeux en usage dans la commune sont : le jeu de boules, le dimanche pendant la belle saison, le jeu de cartes. Ces jeux autrefois étaient fort suivis ; aujourd'hui, les réunions sont peu nombreuses. Aux baptêmes ont a encore l'habitude de jeter des dragées et quelque fois des pièces de menue monnaie. On décharge aussi des armes à feu le jour d'un mariage. La cramaille se pend encore dans quelques familles à l'occasion de la prise de possession d'une maison. On plante aussi un mai le premier de ce mois devant la maison de la demoiselle qu'on aime.

Le langage des habitants tend à se rapprocher de celui des villes ; on parle mieux le français et l'ancien patois tend à disparaître. Les habitants étant en contact plus souvent avec les gens de la ville sont forçés, pour se faire comprendre, d'employer des expressions consacrées par l'usage. L'instruction est recherchée depuis plusieurs années et il a été constaté que bon nombre d'habitants du pays réglaient leurs affaires eux mêmes et facilement.

 

Géographie historique.

 

Aucun événement remarquable n'a eu lieu dans la commune de Nampcelles. Ce village comme toute la Thiérache a eu à souffrir autrefois des guerres qui ont ensanglanté le pays ; mais on ne connaît rien de marquant qui puisse être rapporté. Nul personnage célèbre à citer.

 

La commune ne possède qu'une église construite en pierres et briques. Elle est bâtie sur le penchant du coteau qui a son exposition au nord. Ste Marie Madeleine en est la patronne depuis un temps immémorial. La construction fort simple, trop simple même de cette église date du 16éme siècle et n'appartient à aucun style. La longueur intérieure est de 35 mètres. Elle est divisée en 3 parties : le portail au dessus duquel est le clocher, en pierres, la nef et le sanctuaire, en briques. Le maître autel du sanctuaire est surmonté d'une corniche en bois d'ordre corinthien d'un bel effet. Au dessous de cette corniche et en encadrement se trouve une peinture sur toile attribuée à Rubens. Elle mesure 2 mètres de large sur 2 m 50 de haut et représente la résurrection du Sauveur. Ce tableau qui a dû être très beau autrefois, fait maintenant peu d'effet. Dans le choeur, on remarque encore des voûtes en ogive qui ont été refaites en 1879 et qui reposent sur des piliers carrés d'un fort mauvais goût. On ne voit à l'intérieur ni sculpture, ni peinture murale, ni tapisserie, ni vitraux, ni mobilier ancien. On ne voit qu'une pierre tombale en marbre noir du nord de petites dimensions qui recouvre la sépulture d'un ancien curé de Nampcelles du nom de Riflart, décédé le 23 octobre 1799 à l'âge de 65 ans.

 

Le cimetière ayant seulement 6 années d'existence, rien à signaler.

 

Au milieu de la place publique existe un tilleul d'une grande beauté. Il a été planté en 1790 comme arbre de la liberté.

 

Les archives communales et paroissiales ne renferment aucun document historique ; et chez les particuliers il n'y a rien.

 

La commune possède une école primaire publique et laïque dont la fondation n'est pas connue mais qui existe depuis un grand nombre d'années. Elle est actuellement fréquentée par 40 élèves. Cette école a été reconstruite en 1883, au centre du village. Elle mesure à l'intérieur 10m40 de long, 6 de large et une hauteur réglementaire de 4 m. Elle est séparée du logement de l'instituteur lequel se trouve en face à une distance de 12 m. La mairie est au dessus de la classe. La face du bâtiment est au nord. Le tout est construit en briques de pays.

Dans les temps reculés la commune avait son école comme beaucoup d'autres. Les enfants fréquentaient la classe quelques mois de l'année et payaient une rétribution en blé et en argent. La loi de 1833 ayant prescrit un traitement en argent, l'instituteur ne fut plus obligé de tendre la main pour obtenir le paiement qui lui était dû.

 

Géographie économique.

 

L'agriculture ayant fait des progrès depuis 20 ans, l'état des terres s'est trouvé bonifié ; les récoltes sont plus abondantes. L'assolement triennal n'existe plus ; il est remplacé par l'assolement biennal et quaternaire. Les jachères sont supprimées. Les engrais sont ceux produits par les animaux domestiques.

Les principaux instruments aratoires sont : la charrue double en fer appelée Brabant dans le pays ; la herse en bois et en fer ; l'extirpateur ; le rouleau en bois et en fonte et aussi celui appelé Croskill ; la houe à cheval ; les semoirs à la volée et en lignes.

Les céréales sont : le blé, le seigle, l'orge, l'avoine et la féverolle. On cultive aussi la lentille, la vesce d'hiver et de printemps. Il y a 167 hectares de prairies naturelles d'un bon rapport et 150 de prairies artificielles. Les prairies naturelles sont soumises à la vaine pâture depuis la St Jean jusqu'à la St Martin, pour les bêtes à cornes seulement, et chaque propriétaire ne peut y envoyé que une tête par hectare exploité. Les moutons ne vont paître que dans les pâtures artificielles et sur celles de leur propriétaire.

 

Les arbres fruitiers étaient assez nombreux avant 1880. L'hiver 1879-1880 en a détruit la plus grande partie. Autrefois dans une bonne année on pouvait faire 4000 hectolitres de cidre ; aujourd'hui on en fait à peine 1000. Les arbres fruitiers sont : le pommier, le poirier, le cerisier et le prunier. La vigne n'est pas cultivée ; elle n'existe qu'en treille le long de quelques murs exposés au midi ; et bien souvent le raisin ne mûrit pas bien.

Le houblon est inconnu et la betterave n'est cultivée que pour les bêtes à cornes et pour une très faible quantité. La betterave à sucre n'ayant pas donné de bons résultats a été mise de côté. Le trèfle violet et rouge, la luzerne, le sainfoin, la minette, la pomme de terre réussissent bien ; chaque ménage a son petit champ pour cultiver les légumes dont il a besoin.

Les défrichements n'ont pas leur raison d'être, tout le territoire étant en culture ou en pâture.

 

Nampcelles ne possèdent pas de biens communaux.

 

Les animaux domestiques sont : chevaux : 400, ânes : 6, vaches : 100, taureaux : 4, moutons :  2000, chèvres : 10, porcs : 150, abeilles : 15 ruches. Les animaux nuisibles sont : le rat, le loir, la souris, le renard, la fouine et le putois. Les insectes utiles sont : l'abeille.

 

4 chasseurs se livrent à leurs moments de loisir au plaisir de la chasse. Ils ne vendent pas le gibier qu'ils tuent. Du reste le territoire n'est pas giboyeux : quelques perdrix et un petit nombre de lièvres composent le gibier du pays. La chasse n'étant pas réservée on peut chasser actuellement sur toutes les propriétés. Quant à la pêche, il est inutile d'en parler ; elle n'existe pas.

 

 

 

A Nampcelles le 31 Décembre 1883.

 

Signé : Callay – Instituteur.