MONOGRAPHIE COMMUNALE
Léonce Petit, instituteur
BOURG ET COMIN
1 –situation astronomique de la commune ; son
étendue superficielle – son territoire – son terroir – ses différentes
divisions : hameaux, fermes, écarts, dépendances, lieux-dits :
Bourg se trouve situé à 24 km sud de Laon ; sa distance
au chef-lieu de canton est de 14 km.
Bâti sur le penchant d’une colline et sur les bords de
l’Aisne, ce village a un aspect très pittoresque ; du haut de la colline
qui le domine, on voit l’Aisne se perdre vers Beaurieux, d’un côté, vers Vailly
de l’autre ; après avoir décrit dans la vallée des courbes du plus
gracieux effet.
En face, les hauteurs de Nerval, Longueval, Dhuizel et
Vieil-Arcy terminent l’horizon ; vers la gauche, les village de Cargnan,
Geny, Parisy, couronnent de charmantes collines légèrement bisées ; vers
la droite, dans le lointain, se dresse la montagne de Braye, et, vers Soupir,
une colline couverte de sapins s’arrête, brusquement, comme celle de Bourg en
face de l’Aisne.
Du haut de l’observatoire que je viens d’indiquer, on
distingue une quinzaine de villages ; Bourg se trouve donc être un petit
centre et c’est ce qui explique l’importance que ses habitants lui attribuent.
Traversé par deux grandes routes ; celle de Soissons à
Neufchâtel, et celle de Laon à la vallée d’Aisne, et par deux canaux (latéral à
l’Aisne , de l’Aisne à l’Oise) Bourg présente un aspect assez animé ; le
village est assez joli ; les maisons, bâties pour la plupart en pierres de
taille, sont suffisamment alignées et assez ben groupées ; ce groupement
s’est effectué, semble-t-il, autour du cimetière qui domine le village ;
une autre masse d’habitations assez importante s’avance vers l’Aisne ;
d’autres s’échelonnent sur la route de Soissons à Neufchâtel, enfin quelques
écarts, mais très rapprochés ou contre et que des constructions nouvelles
relieront certainement bientôt au chef-lieu ; ajoutons quelques maisons
isolées ; une ancienne fabrique d’alun, aujourd’hui transformée en ferme
et trois moulins.
Le territoire comprend 512 hectares ; c’est le 11e
du canton de Craonne, comme étendue.
Voici, d’après Melville, le tableau des différentes
divisions de notre commune :
L’écluse : Ecart 200 m du village
Mon Idée : écart 150 m du village
Comin : ferme
et château
1175 comi
(cart. De l’abbé de Vauclerc
1184 Cuminum
1223 coumi
(Ch. de l’hôtel Dieu de Laon)
1228 Comini
(Vauclerc)
1729 Comain
(intendance de Soissons)
Commun (carte
de Cassini)
La fabrique : maison
isolée, 600 m du village
Le moulin de Bourg ou
moulin Notre-Dame, moulin à eaux ; le nom de Notre Dame vient de ce
Que ce moulin
appartenait autrefois à l’abbaye Notre Dame de Cuissy
Le moulin neuf moulin
à eau (ancien lavoir)
Le petit moulin moulin
à eau
Le moulin Budet ou
le moulin Prioux, moulin à eau, scierie
1659 moulin
de Budé
1730 moulin
Budé (titre de Cuissy, appartenait à l’abbaye de Cuissy.
Ces trois derniers moulins sont à peu près abandonnés et commencent à tomber
en ruines.
2 – indiquer les
noms successifs qu’aurait portés la commune :
Burgum et Cuminum 1184 cart. De Philippe Auguste (pge 38. Bib. Nat)
Burgum Super Axonam 1224 cart de l’abbaye de Vauclerc (pge 51)
Bourc 1240 ch. de l’hôtel Dieu de Laon
Borc 1261 ch. du chap. cathol. de Laon
Bourc-s-Aisne XIIIe
siècle
Bourch 1394 ch. de comptes de l’hôtel Dieu de Laon
Bourg-s-aisne XIVe siècle archives nat. P. 136 transcrit de
Vermandois
Bourg-en-Laonnois 1405 ch. de l’abb. De St-Yves de Braisne
Bourg-et-comin 1520 arch. Nat.
Bourg (paroisse st martin de) 1674 état civil
Bourg-et-comin 1729 intendance de Soissons C. 205
Seigneurie relevant autrefois de Laon ; le
village ressortissant au baillage de cette ville (Melleville).
Cependant, voici ce que je lis sur les archives
qui se trouvent à la mairie :
« généralité
de Soissons
Pardevant
nous ……. Notaire Royal de Beaurieux, et bailly de la justice de Bourg et Commin
…… »
3 – relief du sol : monts et collines (indiquer à
quel système on les rattache), plateaux et plaines :
Un seul plateau, Comin, de 175 mètres d’altitude et de
quatre-vingt mètres de hauteur au dessus de la plaine. Il y a quelque analogie
avec la montagne de Laon, ressemble exactement à un immense violon sans
manche ; il est large par l’extrémité qui regarde au midi la rivière et le
village et, à l’autre extrémité vers Vendresse, il est plus étroit après avoir
subi un étranglement aux 2/3 de sa longueur qui est d’environ deux kilomètres.
Le reste du territoire est une plaine en pente douce vers
l’Aisne au midi, et vers le ruisseau de Moulins à l’est. La partie la plus
basse de la commune et connue du canton
de Craonne, est dans la prairie, vers Pont-arcy, à 60 mètres d’altitude.
4 – météorologie :
Le village, adossé au plateau de Comin, est à l’abri des
vents du nord ; mais les brouillards de l’Aisne y rendent à certaines
époques la température fort humide et malsaine.
5 – géologie :
Le plateau de Comin est assis sur un banc considérable de
pierre dure, vers le midi, et, vers le levant, sur une couche de tuf plus ou
moins friable. L’argile tenace se trouve en certains endroits, presque à fleur
de terre.
Les sondages effectués par l’administration des Ponts et
Chaussées sur les deux rives de l’Aisne ont donné les résultats suivants :
(lieu-dit : les grèves, près du pont canal à 45 m d’altitude
- rive gauche :
Terre végétale épaisseur des couches 1 m 20
Argile grise 1
m 20
Gravier 2
m 15
Sable bouillant gris de fer ……..
- rive droite :
Terre végétale 1
m 10
Argile jaune sableuse 0
m 80
Sable gris de fer 2
m 25
Gravier 0
m 25
Sable gris de fer 1
m 75
Sable noir ……..
6 – hydrographie :
L’Aisne arrose le territoire de Bourg sur une étendue
d’environ deux kilomètres et demi, et se sépare des territoires d’Oeuilly,
Villers et Pontarcy. Elle y présente de nombreuses sinuosités ; en
certains endroits un rétrécissement assez considérable occasionne un courant
rapide ; aussi, avant, la construction du canal latéral, la navigation
était-elle peu facile dans la traversée de Bourg.
La largeur moyenne de l’Aisne est de 40 mètres.
Sur sa rive gauche, et à son entrée sur le territoire de
cette commune, elle reçoit le petit ruiseau « de Moulins » qui
mettait autrefois en mouvement cinq moulins, dont quatre sur Bourg, ce ruisseau
nait sur le territoire de Paissy.
L’Aisne est sujette à de fréquentes crues et comme elle est
peu encaissée, surtout vers Oeuilly et Beaurieux, les submersions ont bientôt
envahie une bonne partie de la vallée.
Les plus fortes crues ont été celle de :
- 1784 49
m 15
- Nov. 1882 47
m 80
- 3 janv. 1880 47
m 65
A l’étiage du bourg.
Dès 1225, un pont reliait les deux rives de l’Aisne (Brayer
ou Melleville) ; il a été détruit à une époque qui n’est pas bien connue,
remplacé par un bac qui a fait place à son tour au pont à péage actuel. Ce
dernier a été construit en 1867, par MM Escanague et Cie, ingénieurs à Paris.
Sa longueur est de 49 m 50, sa largeur de cinq mètres, une seule pile. La
dépense a été d’environ 80000 francs ; il est actuellement question de son
rachat ; une pétition en ce sens a été adressée au Conseil général en
1887.
Il existe à la mairie une pièce assez curieuse ; c’est
la copie mot à mot, en témoins (de 1388) « d’une transaction faite entre Seigneur Gaucher de châtillon, sieur de
Portien et connétable de France, sieur de Pontarcy et de ses appartements, et
les mayeux et les junes et les demeurans des villes de Bourg et de Commin sur
aisne en l’an 1311 »
Cette copie a été collationnée au titre original le 6
janvier 1788 par « Jean Compéral,
chanoine de Laon, conseiller du roy notre sire et garde du scel du baillage du
Vemandois à Laon …. Scavoir faisons que nous avons vu, tenu mot après autre
bien et diligemment une lettre saine et entière de scel d’escriptures contenant
la forme qui en suit …
Cette pièce semble contredire l’établissement d’un pont à Bourg vers le
XIIIe siècle ; nous y lisons en effet !
A tous ceux qui ces
présentes lettres verront ou auront Gaucher de châtillon, et un salut comme discorde et débats fut entre
nous d’une part, les mayeux et les jurés et les habitants des villes de Bourg
et de Commin sur ainse d’autre part sur ce qu’ils disoient qu’il pouvoient ou
devoient avoir nef ou bacque audit Bourg pour passer et repasser franchement sur
leurs biens et toutes leurs dépouilles crues par toutes leurs terres en
quelques lieux qu’elle soient par devers Villers en Prayère et tous leurs biens
gaignés et labeurs par eaux sans forfait et sans vinaige, ce nous disons
d’opposons par conclusions des raisons au contraire et de ce par fin par le
conseil de bones gens accordés sommes en la manière qui suit :
C’est ascavoir que les mayeux et les jurés et les
demeurants desdites villes de Bourg et de Commin puissent avoir nef ou bacq au
passage dudit bourg pour passer sur leurs biens et tous ceux meubles crues en
leurs héritages par devers ledit Villers et tous leurs biens gaignés de leurs
labeurs en quelque lieux que ce soit par devers ladite ville de Villers et
puissent passer foins, estrains, essenilles et amandemens par toutes leurs
terres pour leur vivre et leurs usées sans forfait et sans amande et ne
puissent passer audti bacq autre chose qu’ils achèteroient pour leurs vivres et
leurs usées, ils puissent passer parmy nostre dite ville de Pontary sans vinage
payer et autres redevances et de ce ferons enfoi aux vinageurs dudit Pontarcy
ou à ceux qui causes auront de nous ou de nos ssuccesseurs et s’ils passoient
denrées achetées pour revendre, ils payeroient vinage et redevance que tous
autres gens doivent et avons accordés que lesdits mayeux et demeurants dedites
villes mettront en bacquier audtit
passage pour passer les choses dessus dittes, ainsi comme dit est, et
fera ledit bacquier tous les ans serment et renouvellera tous les ans enladite
ville dudit bourg environ tierce le jour et fête Saint-Martin le 18 ouillant à
nostre prévost dudit Pontarcy ou à son lieutenant ou à ceux qui cause auront de
nous, et est a scavoir que si nul austre estranger passoit parmi le bacq ou nef
qui mesne ou porte autre chose qui doive à nous vinage, ils les retiendras pour
lesdits vinage et nostre amande et ce qu’ils forfoient grief ou vilaine, les
mayeux, les jurés, les demeurants seront tenus de lui prester la frce faire et
pour bataille …….. et toutes ces choses tenir et garantir fermement et à tjours
obligé moi et mes hoirs et mes successeurs, en temoing de laquelle chose, j en
ai scellé ces présentes lettres de mon propre scel qui a fut fait l’an de grâce
mil trois cent onze au mois d’octobre »
Il parait manquer quelque chose à cette copie, mais
l’essentiel s’y trouve, en ce que l’on reconnait.
1 – que Bourg avait Comin pour annexe
2 – que Bourg était alors une commune gouvernée par un maire
et un juré ou syndic électif
3 – que les habitants de Bourg et Comin jouissaient de la
rivière et avaent un « bacquier » électif dont ils tiraient tribut à
cause de la pêche ou qui avait la pêche pour passer les habitants
4 – que lesdits habitants avaient le droit e passer gratis à
Pontarcy sans frais et sans aucune redevance (note marginale de la copie de
1788).
7 - marais :
Il n’existe point, à proprement parler de marais sur le
territoire de la commune ; cependant une bone partie du petit vallon où
coule le ruisseau de Moulins est un terrain tourbeux infertile, où poussent en
avondance les joncs et les roseaux.
8 – bois et forêts : leur superficie et leurs
principales essences :
Quelques petits taillis sont morcelés et une plantation
récente en sapins, sur le plateau de Comin, le tout d’une superficie d’environ
soixante quinze hectares (cadastre)
Les principales essences sont : le chêne, le peuplier,
le bouleau
9 – 10 – flore et faune communales :
La faune et la flore sont celles des environs de Laon (V.
plus loin art. gibier)
11 – chiffre de la population : augmente-t-elle
ou diminue-t-elle ? à quelles causes faut-il attribuer ces
changements :
Le chiffre de la population d’après le recensement de 1886,
est de 488 habitants (municipale) et 516 (totale)
Il faut attribuer cette augmentation remarquable à
différentes causes, dont voici les principales :
1 – etablissement à Bourg de deux usines vitrioliques
2 – position du village sur plusieurs grandes routes et sur
un canal
3 – et tout récemment ouverture du canal de l’Oise à
l’Aisne, constructin ‘une usine hydraulique, etc …
Cette augmentation ne peut être en aucune façon attribuée
comme on le verra plus loin, à l’excédent des naissances sur les décès mais
bien à la facilité avec laquelle les ouvriers se procurent du travail ;
dans un grand nombre de communes du canton, si la dépopulation a pris des
proportions inquiétantes, cela est dû en grande partie à l’arrachage des
vignes ; à Bourg, au contraire, la culture de la vigne était fort restreinte
et sa disparition n’a pu influer d’une manière sensible sur l’effectif de la
population.
TABLEAU DE LA POPULATION A
DIFFERENTES EPOQUES :
Années |
Population |
Années |
Population |
1794 |
250 |
1851 |
345 |
1800 |
280 |
1856 |
367 |
1815 |
311 |
1861 |
381 |
1825 |
337 |
1866 |
403 |
1831 |
327 |
1872 |
440 |
1836 |
359 |
1877 |
453 |
1841 |
342 |
1881 |
474 |
1876 |
374 |
1886 |
516 |
La simple inspection du tableau nus montre des augmentations
u des diminutions brusques et notables qu’on peut faire concorder avec le plus
ou moins d’activité des ……… avec leur création et leur disparitions.
Depuis 1850, la population qui avait subi une baisse
importante, a repris la marche ascendante, et chaque recensement nous le montre
avec une hausse assez régulière de 20 habitants.
Cependant on peut prévoir que le prochain recensement nous
ramènerai au chiffre de 1881 ; beaucoup de familles en effet quittent ou
vont quitter le pays par suite de l’achèvement ou du ralentissement des travaux
du canal.
Le dénombrement de 1886 donne 135 maisons, 139 ménages et
485 individus (population municipale) se répartissant ainsi :
Villages hameaux sections |
Nombre maisons |
Nombre menages |
Nombre indivisions |
Nombre français |
Nombre étrangers |
Bourg (le village) |
182 |
114 |
401 |
390 |
11 |
L’Ecluse |
11 |
12 |
42 |
37 |
5 |
Les Moulins |
3 |
3 |
9 |
0 |
0 |
Mon Idée |
6 |
7 |
18 |
18 |
0 |
La Fabrique |
2 |
2 |
14 |
9 |
5 |
Comin |
1 |
1 |
4 |
4 |
0 |
Total de la population |
135 |
139 |
488 |
467 |
21 |
Population comptée à
part : ouvriers étrangers à la commune, attachés aux chantiers temporaires
de travaux publics :
Français 16
Etrangers : 12
En résumé :
Population agglomérée 401
Population éparse
87
Population comptée à part
28
Total
516
Les 33 étrangers comprenaient : 21 Italiens, 11 Belges,
l Austro-Hongrois
On comptait :
232 habitants du sexe masculin
256 habitants du sexe féminin
Se décomposant en :
Sexe masculin :
Célibataires 114
Mariés 105 total
232
Veufs
13
Sexe féminin :
Célibataires 123
Mariées 104 total 256
Veuves
29
Enfin :
246 personnes vivants de l’agriculture
98 de l’industrie
5 du transport par eau
57 du commerce
40 de l’administration publique
8 de professions libérales
29 personnes vivant exclusivement de leurs revenus non
classées
12 – nombre de naissances, mariages et décès dans les
dernières années :
Période trentenaire
1ère période décennale :
ANNEES |
NAISSANCE |
MARIAGES |
DECES |
1858 |
12 |
3 |
8 |
1859 |
11 |
1 |
13 |
1860 |
7 |
4 |
5 |
1861 |
8 |
4 |
8 |
1862 |
10 |
4 |
7 |
1863 |
5 |
0 |
9 |
1864 |
7 |
3 |
4 |
1865 |
13 |
5 |
7 |
1866 |
13 |
3 |
22 |
1867 |
6 |
1 |
11 |
TOTAL |
92 |
28 |
94 |
2ème période
décennale
1868 |
12 |
5 |
7 |
1869 |
9 |
5 |
13 |
1870 |
14 |
2 |
19 |
1871 |
12 |
1 |
7 |
1872 |
8 |
3 |
11 |
1873 |
15 |
6 |
11 |
1874 |
10 |
1 |
10 |
1875 |
12 |
0 |
6 |
1876 |
14 |
2 |
6 |
1877 |
9 |
4 |
7 |
Total |
115 |
29 |
97 |
3ème période
décennale
1878 |
11 |
4 |
7 |
1879 |
11 |
5 |
6 |
1880 |
16 |
1 |
14 |
1881 |
11 |
3 |
10 |
1882 |
8 |
1 |
9 |
1883 |
14 |
3 |
19 |
1884 |
13 |
2 |
15 |
1885 |
15 |
0 |
8 |
1886 |
12 |
1 |
11 |
1887 |
12 |
5 |
13 |
Total |
123 |
25 |
118 |
Résumé
1ère période |
92 |
28 |
94 |
2ème période |
115 |
29 |
97 |
3ème période |
123 |
25 |
118 |
Total |
330 |
82 |
300 |
Excédant des naissances sur
les décès : 21
Pendant le même temps
l’augmentation a été (1855-1885) de : 149 habitants
Soit un chiffre de population
atteignant le chiffre considérable de 128 habitants
Nota : les registres de
l’état civil remontent à l’année 1683.
13 – particularités sur la constitution physique des
habitants, leur régime d’alimentation, leur longévité, leur caractère, leurs
mœurs, leurs jeux, leurs usages, leur langage, leur degré d’instruction :
Bien que les décès ne soient pas de beaucoup inférieurs aux
naissances, Bourg est un pays sain, où la durée de la vie surpasse, en général,
de beaucoup la moyenne ; en 1883, on y comptait douze octogénaires ;
à l’heure actuelle il existe encore une trentaine de vieillards
septagénaires ; au reste voici, d’après le dénombrement de 1886, un
tableau qui vient confirmer ce que j’avance :
Sexe masculin |
Nombre |
Sexe féminin |
Nombre |
De 70 a 74 ans |
10 |
De 70 a 74 ans |
6 |
De 75 à 79 |
3 |
de 75 à 79 |
6 |
De 80 à 84 |
0 |
De 80 à 84 |
1 |
De 85 à 89 |
4 |
De 85 à 89 |
1 |
Total |
17 |
Total |
14 |
Le régime
d’alimentation influe peut-être d’une manière sensible sur cette longévité que
je constate.
La consommation en viande fraîche, bœuf, veau, porc, mouton
est considérable, bien que ces denrées y
atteignent un prix élevé ; le vin est la boisson la plus répandue ; la
consommation en bière ne dépasse guère, en effet une centaine
d’hectolitres ; le cidre n’y est plus guère connu depuis la gelée de
1879-1880 qui a détruit tous les arbres fruitiers ; les habitants montrent
peu de goût pour les liqueurs fortes ; les ivrognes endurcis sont rares,
les maladies alcooliques peu communes.
Dans les cafés, on consomme du vin et de la bière, peu
d’alcool ; pas de jeux en plein air, depuis que « la paume » a
disparu ; les habitués de café, qui sont trop nombreux à Bourg surtout
depuis que les travaux du canal ont apporté chez la classe ouvrière, une
aisance factice, ont comme distraction favorite le billard et les cartes ;
le rhams, le mathador retiennent trop souvent et trois tardivement le mari au
café, pendant que la ménagère peste.
L’été, la pêche dépeuple plus les cafés que la
rivière ; c’est la grande distraction d’une partie trop restreinte encore
de la population. Au reste, les règlements vexatoires dirigés contre le
paisible et inoffensif pêcheur à la ligne sont peut être bien pour quelque
chose dans cette trop claire levée de ….. bambous.
Les fêtes patronales des pays voisins nos fêtes à nous, les
bals, aussi fréquents l’hiver que l’été, constituent les grands amusements de
cette jeunesse de Bourg, si nombreuse qu’elle compte, de 16 à 30 ans (soyons
galants) trente jeunes filles à marier.
Je dois reconnaître, pour être fidèle, que cette animation
commence à baisser depuis deux ans, après avoir battu son plein de 1867 à
1885 ; les réunions, les fêtes deviennent plus rares ; l’entente
n’est plus aussi parfaite ; la fanfare ne nous envoie plus ses
refrains ; plus de chant partout plus de joie.
Au reste, cet état alarmant ne peut être que passager, et
l’unisson, la concorde, l’harmonie, vont bientôt rendre à notre pays son
entrain, la gaieté, sa bonne humeur d’autrefois.
L’habitant est affable, un peu fier peut-être, ce qui ne
gâte rien, aimant fort comme je l’ai dis plus haut, les divertissements, le
bal, la musique tout ce qui brille et résonne ; il s’entend fort bien à
l’organisation des fêtes, et le festival de 1885 restera longtemps comme un
souvenir de bon goût et de la cordialité des habitants ; aussi Bourg
est-il renommé dans les environs ; « c’est un pays ou l’on s’amuse » dit-on couramment ;
et bourg se croit le premier village du canton, il ne faut pas essayer de
contrarier en cela la manie bien innocente des habitants.
Le pays est riche, pas un seul mendiant, beaucoup de
rentiers, des cultivateurs sur leurs terres, à peine quelques arpents affermés ;
une caractéristique de l’aisance, c’est la facile rentrée de l’impôt ;
« Bourg, me disait dernièrement le percepteur est la commune de ma
circonscription où, les frais de recensement sont le moins élevés » ;
les ventes par autorité de justice y sont fort rares, et atteignent
généralement la population flottable.
On parle à Bourg un français assez pur, en tout cas, sans
accent, et qui n’a pas gâté cette population hétérogène, Italiens, Flamands,
Limousins, que nous ont valu les travaux du canal ; le style des enfants
ne renferme aucune faute de patois, ce qui est la meilleure preuve de la pureté
du langage ; l’instruction y est fort en honneur ; la fréquentation
scolaire est excellente, et la commission n’a guère à sévir ; les illettrés sont en infime minorité
et ce, grâce à M. Pommeras, « le vieux maître » qui pendant
cinquante-quatre ans (1809-1863) a dirigé l’école de Bourg.
M. Pommeras, c’est un fait que je suis heureux de reproduire
ici, a toujours eu, jusqu’à l’époque même de sa retraite une des meilleures
écoles du canton, la plus nombreuse, et d’où il n’a laissé sortir personne qui
ne soit au moins lire, écrire, et calculer, sans compter les innombrables
élèves à qui il a donné une instruction plus complète, très complète même, et
qui forment en grande partie la génération actuelle, une bonne et intelligente
génération.
C’est en voyant de tels résultats que l’on comprend quel
rôle bienfaisant l’instituteur est appelé à jouer, et quelle heureuse influence
il peut exercer sur tout un pays.
DOCUMENTS RELATIFS A L’INSTRUCTION
TABLEAU DES RESULTATS
Obtenus dans l’école
Léonce Petit, instituteur
A
BOURG-et-COMIN
RESUME DES DOCUMENTS
RELATIFS A L’INSTRUCTION PRIMAIRE
(archives communales)
Du
14 novembre 1809
Remplacement du maître d’école Nicolas
Follet démissionnaire, pour raison de santé ; recherche d’un logement
suffisant pour y tenir l’école ; maisons J.M. Vincent désigné pour une
location
Du
20 novembre
Nomination de M. Jean Nicolas Pommeras
comme maître d’école en remplacement dudit sieur Follet (voir la partie
historique de la monographie communale)
28
mai 1822
Offre de 30 f par an au sieur Bernard
Lainel pour location d’une maison située vis-à-vis l’église et destiné
« pendant l’hiver, à servir d’école pour les enfants »
2
octobre 1832
Le conseil décide que les charrois de
pierres et autres matériaux devant servir à la construction d’une école seront
faits gratuitement par les cultivateurs.
25
aout 1833
Fixation du traitement de l’instituteur
en vertu de la loi du 28 juin 1833
8
mai 1840
Acquisition d’un mobilier scolaire,
moyennant la somme de 256 f
4
mai 1842
Demande pour la construction d’une
école
19
avril 1845
Arrêté préfectoral autorisant la
construction d’une maison commune avec salle de classe et logement de
l’instituteur.
4
mai
Mise en adjudication des travaux au
profit de M. Adam de Filam, architecte : M. Ménard de Laon
11
mai 1846
Mandon à la fabrique de Bourg de
l’ancienne maison d’école pour le prolongement des bas-côtés de l’église.
11
mai 1847
Demande de secours « sur amendes
de police correctionnelle » pour construction de l’école.
20
juin
Réception définitive des travaux
1er
février 1852
Fixation du nouveau traitement de
l’instituteur, en vertu de la loi du 11 mars 1850
3
novembre 1867
Vote d’une subvention pour travaux à
l’aiguille, conformément à la loi du 10 avril 1857
8
février 1874
Fondation d’une caisse des écoles
délibération approuvées le 3 mars suivant
19
juin 1883
Acquisition de fusils scolaires et d’un
drapeau pour le bataillon
28
février 1886
Demande de création d’une école
maternelle
1886
– 22 septembre
Abandon de ce projet et demande
d’agrandissement de l’école et du logement de l’instituteur par l’adjonction de
deux pièces du presbytère.
1887
– février
Refus du ministère de consentir à
l’aliénation d’une partie du presbytère ; nouveau projet consistant à
agrandir l’école, au moyen d’un étage ; les plans et devis ont été
présentés au conseil municipal par M. Marquiset au mois de janvier 1888
TABELAU DES RESULTATS
OBTENUS DANS L’ECOLE DPUIS 1882
1889 : (premier examen auquel l’école prend part)
Concours cantonal une
nomination
Certificat d’études 3
élèves présentés
2 reçus
1885
Concours cantonal une
nomination
Certificat d’études 4
élèves présentés
2 reçus
1886
Concours cantonal néant
Certificat d’études 3
élèves présentés
3 reçus
1887
Concours cantonal une
nomination
Certificat d’études 5
élèves présentés
3 reçus
Au total 10 certificats d’études dans l’espace de quatre
années.