Arrondissement                                                                                       Commune de            

de Vervins                                                                                                Clairfontaine

 

Canton de

La Capelle                                                                                   Instituteur :M.Clouet                  

 

 

 

 

                                          MONOGRAPHIE de la commune de Clairfontaine

 

 

 

 

                                                    

                                                    I – Géographie physique

 

1° Situation astronomique de la commune ; son territoire ; son terroir ; ses différentes divisions ; hameaux, fermes, écarts, dépendances, lieux-dits.

 

     La commune de Clairfontaine, située au nord du département de l’Aisne, s’étend dans la direction de l’est à l’ouest. La superficie de son territoire est de 1382 hectares et celle du terroir de 200 hectares environ.

La partie centrale ou agglomérée comprend le Petit-Versailles où sont l’église, la mairie, les écoles et le presbytère ; la Barrière et la Rue-Pierre-Caron. Les hameaux sont par ordre d’importance : la Rue-de-Paris, le Champ-Bouvier, la rue des Nourris, la Cour-de-Braye, la rue de la chasse, Beauregard,la Petite-Rue, la Rue des Cendreux, la Rue-Tortue, la Rue-Fouquereaux, la Rue Nul-s’y-frotte, Rue d’en Bas. Les écarts sont : Bois de Montreuil, ferme et cabaret ; les Maternes, Rue des Fontaines, Bois de Haut ou de Houy, Rue de Guise, ferme et maison bourgeoise ; Ecoute s’il pleut, moulin démoli, maison de propriétaire. Les principaux lieux-dits sont : Bois de Haut, les Prés de France, le bois de l’école, Grand-Chemin, Rue des Etots, Plaine du Gros-Faux, l’Etang, Fontaine-Muret, Bois de l’Abbaye, la Brasserie, Champ du Repas, Beaulieu, Trou d’Enfer, Pont de Grève, Cour Bonjean, etc. Le lieu-dit l’Etang désigne l’endroit où se trouvaient jadis plusieurs étangs appartenant à l’abbaye de Clairfontaine et qui sont aujourd’hui comblés et transformés en pâturages. La dénomination de Bois de l’Abbaye a certainement la même origine, il en est de même du Bois-Gérard qui tire évidemment son nom de l’un des abbés qui vivait vers 1130.

 

2° Indiquer les noms successifs qu’aurait portés la commune.

 

     Clairefontaine et Clairfontaine

 

3° Relief du sol : monts ou collines (indiquer à quel système on les rattache) ; plateaux et plaines.

 

     La partie orientale et la partie occidentale du territoire sont assez accidentées. On remarque à l’est le coteau du Bois de Haut ; à l’ouest celui qui sépare les hameaux de Beauregard et du Champ-Bouvier de celui de la Rue-Tortue qui sont bâtis sur ses flancs : Beauregard et le Champ-Bouvier au midi, la Rue-Tortue au nord. Ces accidents de terrain ainsi que la plaine à peu près unis qui occupe le centre du territoire, font partie de la ligne de partage des eaux entre le bassin de la Seine et celui de la Meuse. La hauteur de ces coteaux varie entre 225 et 245 mètres au-dessus du niveau de la mer, suivant la carte de l’Etat-Major.

 

4° Météorologie

 

     Au point de vue météorologique, la commune de Clairfontaine, aussi bien que toutes les localités de la région, est sous un climat sensiblement humide et froid. Pendant les trois quarts de l’année, le ciel est nuageux ou pluvieux. Les périodes de pluie sont, depuis plusieurs années surtout, tellement prolongées, qu’elles occasionnent des pertes sensibles à la culture et à l’industrie de l’herbager. N’ayant aucune indication technique de la quantité d’eau qu’il tombe annuellement dans cette localité, je ne puis donner pour chiffre d’appréciation que celui qu’on y a trouvé pour le bassin de la Seine, sauf à y ajouter quelques degrés en plus. Les vents dominants de la localité sont ceux du midi et de l’ouest. Quant aux vents du nord et de l’est, qui sont à peu près les seuls qui amènent le beau temps, ils sont peu fréquents et sont souvent accompagnés de gelées. La neige, comme les pluies, y est généralement abondante et y séjourne assez longtemps par suite de la nature humide et froide du sol. Les orages sont rares et ne causent jamais de dégâts marquants.

 

5° Géologie

 

     Le territoire de Clairfontaine appartient aux terrains secondaires, à celui qui porte le nom de crétacé. Essentiellement argileux, le sol se compose d’une couche d’humus ne dépassant guère vingt centimètres et reposant sur un sous-sol formée d’une argile colorée en jaune et très compacte. Toutefois, dans certaines parties du territoire, le sous-sol est composé d’une couche de silice (sable) ayant plusieurs mètres d’épaisseur, que l’on y exploite et dont on tire un bon produit, car ce sable est très recherché pour les constructions et la fabrication du verre commun ou verre à bouteilles.

 

6° Hydrographie :

a-      Fleuves, rivières, ruisseaux, leur direction dans la commune

b-     Lieux où ces cours d’eau prennent leurs sources

c-      Lieux où ils deviennent flottables

d-     Lieux où la navigation commence

 

Clairfontaine n’a pas de cours d’eau important. Mais il est sillonné à l’est et à l’ouest d’un grand nombre de ruisseaux. Ceux de l’est qui prennent tous leur source sur le territoire communal, et dont la direction varie entre le sud, le sud-est et le nord-est, se réunissent pour former le ruisseau dit du Petit-Moulin qui porte ses eaux dans l’Helpe Mineure, affluent de la Sambre à laquelle elle s’unit au nord de Landrecies. Les ruisseaux qui coulent à l’ouest du territoire, y prennent aussi leur source, sauf un seul qui sort de la commune de Wimy. Ils suivent presque tous la même direction, du sud-est au nord-ouest, et se jettent dans l’Oise après avoir traversé le territoire de la commune de Luzoir. La commune de Clairfontaine fait donc partie de deux bassins, celui de la Seine et celui de la Meuse.

 

7° Les Marais : leur situation, leur superficie ; sont-ils en voie de desséchement ?

 

Néant

 

8° Les Bois et Forêts : leur superficie et leurs principales essences.

 

     Clairfontaine possédait anciennement quelques bois dont les derniers ont été défrichés depuis environ 30 à 40 ans. On n’y voit plus aujourd’hui que quelques bosquets de très faible étendue, le plus vaste ne comptant assurément pas vingt-cinq ares. Les essences qu’on y rencontre sont : le bouleau, le saule, l’aune, le frêne et le peuplier.

 

9° Faune communale.

 

Vertébrés : Mammifères : Chéiroptères : Chauve-souris

Insectivores : Hérisson, musaraigne, taupe

Carnivores : Belette, fouine, loutre, chien, renard, chat

Rongeurs : Rat, mulot, souris, loir, campagnol, lièvre, lapin

Pachydermes : Cochon

Solipèdes : Cheval, âne, mulet

Ruminants : Bœuf, mouton, chèvre

Vertébrés (suite) Oiseaux. Rapaces diurnes : Epervier

Rapaces nocturnes : Hibou, chouette

Passereaux : Pie-grièche, merle, grive, loriot, traquet, rouge-gorge, rossignol, fauvette, roitelet, bergeronnette, hirondelle, alouette, moineau, mésange, pinson, chardonneret, linotte, étourneau, corbeau, pie, geai, huppe, coucou, grimpereau, martin-pêcheur.

Gallinacés : dindon, pintade, coq, perdrix, caille

Echassiers : Bécasse, Râle

Palmipèdes : Oie, canard

Reptiles ophidiens ou serpents : Orvet, couleuvre

Batraciens : Grenouille, crapaud, rainette ou grenouille d’arbres, grenouille verte ou des étangs, salamandre terrestre, lézard

Poissons : carpe et anguille

Annelés. Insectes : Carabe, Hanneton, Cantharide, charançon, coccinelle, sauterelle, lampyre ou ver luisant, escarbot, nécrophore, bousier, géotrupe, scolyte, bruche forficule ou perce-oreille, blatte, courtilière, grillon, criquet commun, punaise des bois, puceron, libellule, agrion, fourmi, guêpe, abeille, bourdon, papillon du choux, alucite des céréales, teigne des draps, teigne, mouche domestique, taon, mouche à viande, puce, poux, mille-pieds, araignée, acarus du fromage ; cloporte, écrevisse (ces deux derniers appartiennent à la classe des crustacés)

Annélides : ver de terre ou lombric

Mollusques. Gastéropodes : Limaçon, limace, limace rouge, limace des caves, lymnée à coquille

 

10° Flore communale

 

Solanées : pomme-de-terre

Personées : Muflier ou gueule de lion, digitale

Convolvulacées : Liseron, cuscute

Borraginées : bourrache, myosotis

Labiées : lamier blanc, lamier rose, lierre terrestre, romarin, thym, hysope, sarriette, sauge

Campanules : Raiponce

Chèvrefeuilles : sureau, chèvrefeuille, symphorine

Oléinées : Lilas, troène, frêne

Rubiacées : Gratteron

Composées : pâquerette, chrysanthème, grand soleil, topinambour, tussilage, camomille, pissenlit, laitue, chicorée, salsifis, scorsonère, chardon, artichaut, estragon, bleuet, mâche

Cucurbitacées : Concombre, courge ou citrouille, potiron

Rosacées : Prunellier, prunier, cerisier, bigarreautier, guignier, abricotier, pêcher, aubépine, poirier, pommier, alisier, cormier, sorbier, néflier, cognassier, fraisier, framboisier, ronce, rosier, églantier, merisier, argentine

Renonculacées : Renoncule, bouton d’or, dauphinelle ou pied d’alouette

Papilionacés ou légumineuses : Pois, haricot, pisaille, fève, vesce, féverole, gesse, trèfle, lotier, luzerne, genêt à balai, lupuline ou minette, trèfle rampant ou triolet, coucou blanc

Papavéracées : coquelicot ou pavot rouge, pavot somnifère, oeillette

Crucifères : Giroflée, chou, navet, chou-navet, radis, cresson de fontaine, cresson alénois

Caryophyllées : Nielle des blés

Malvacées : Mauve, guimauve

Tiliacées : Tilleul

Acérinées : Erable

Ombellifères : Carotte, panais, céleri, persil, cerfeuil, angélique, anis

Ampélidées : Vigne

Illicinées : Houx

Araliacées : Lierre

Grossulariées : Groseillier, groseillier épineux, groseillier à grappes, groseillier noir ou cassis

Polygonées : Patience, oseille, rhubarbe

Chénopodées : Betterave, épinard

Portulacées : Pourpier

Laurinées : Laurier

Loranthacées : Gui

Euphorbiacées : Euphorbe, buis

Urticées : Ortie, houblon, orme

Amentacées : Noyer, hêtre, chêne, coudrier, charme, bouleau, aulne, saule, osier, saule marceau, saule pleureur, peuplier, peuplier blanc, tremble, peuplier pyramidal ou peuplier d’Italie

Platanées : Platane

Liliacées : Lis, tulipe, oignon, ail, échalote, poireau, ciboule ou civette, colchique

Asparaginées : Asperge, muguet

Joncées : Jonc

Orchidées : Orchis mâle

Graminées : Blé, épeautre, seigle, orge, avoine, maïs, millet, avoine élevée, fétuque, brome, paturin, houlque, brize ou pain d’oiseau, laityle, flouve, ivraie ou ray-grass, vulpin, fléole, chiendent, roseau

Cypéracées : Butome, alisma, lentille d’eau

Aroïdées : Arum maculé

Conifères : Sapin, cyprès

Fougères : Polypode

Equisétacées : Prêle

Mousses : Polytric

Champignons : Agaric comestible, chanterelle, Lycoperdon ou vesse de loup, ergot du seigle, puccinie des graminées ou rouille du blé

Primulacées : Primevère. Violacées : Violette, violette tricolore

Plantaginées : Plantain

 

11° Chiffre de la population ; augmente-t-elle, ou diminue-t-elle ? A quelles causes faut il attribuer ces changements ?

 

     D’après le recensement de 1881,  la population de Clairfontaine est de 945 habitants, ce chiffre décroît continuellement et rapidement, ainsi que le montre chaque nouveau dénombrement. Le recensement de 1841 accuse une population de 1478 habitants ; celui de 1851, 1444 habts ; celui de 1861, 1329 et celui de 1876, 1045. On voit que la diminution de la population est d’environ cent habitants pour chaque période quinquennale.

Cette diminution est amenée par les causes suivantes : Il n’y a dans la commune aucune industrie importante ; mais les localités qui l’entourent, telles que Wignehies, Fourmies, Anor (Nord), La Capelle et Hirson exploitent des industries diverses qui attirent chez elles un nombre considérable d’ouvriers. Deux verreries importantes, Monplaisir et Quiquengrogne, occupaient autrefois beaucoup d’ouvriers et même d’ouvrières de Clairfontaine ; mais depuis environ dix ans, ces verreries ont arrêté leur travail, de sorte que les ouvriers ont été forcés de quitter la commune pour chercher ailleurs le travail qui leur manquait.

   En outre la mortalité surpasse de beaucoup les naissances. C’est ce que démontre le tableau suivant qui donne les naissances, mariages et décès pendant les six dernières années.

 

12° Nombre des mariages, naissances et décès dans les dernières années.

 

1878

Mariages

10

Naissances

17

Décès

15

1879

 

11

 

13

 

35

1880

 

10

 

24

 

21

1881

 

11

 

16

 

12

1882

 

6

 

16

 

23

1883

 

5

 

9

 

22

 

 

 

 

95

 

128

 

 

 

 

 

 

 

 

 

13° Particularités sur la constitution physique des habitants, leur régime alimentaire, leur longévité ; leur caractère, leurs mœurs, leurs jeux, leurs usages, leur langage, leur degré d’instruction.

 

     Les habitants de Clairfontaine sont d’une constitution assez robuste ; leur taille dépasse en général la moyenne ; leur régime alimentaire est excellent. Il consiste en viande, beurre et fromage. Ces deux derniers qui sont l’objet de soins particuliers, forment la base principale de l’alimentation ; on y consomme également quelques fruits, pommes, poires, cerises, prunes, etc.

     La moyenne de la durée de vie est assurément très élevée à Clairfontaine, car il meurt peu d’enfants et de jeunes gens. Quelques vieillards, hommes et femmes, atteignent un âge avancé. Il doit y avoir présentement dans cette localité plusieurs personnes dont l’âge approche quatre-vingt-dix ans ou excède ce chiffre. Les maladies contagieuses ou épidémiques s’y manifestent parfois par des cas particuliers ; mais jamais la contagion ne prend un caractère général.

 

Caractère.

     Le Caractère des habitants de Clairfontaine est gai et chez la plupart plein de bonhomie et de bienveillance. Leurs mœurs sont d’une pureté irréprochable. Les jeux les plus en vogue chez eux, et il faut reconnaître qu’on joue très peu à Clairfontaine, sont le jeu de boules dans les beaux jours et les cartes en hiver.

 

 

 

Langage

     Le langage des habitants de Clairfontaine est ce patois propre à cette partie de la Thiérache et qui est caractérisé par la corruption de certains déterminatifs et par des élisions abusives. Telles sont les expressions suivantes : « A l’cave » pour à la cave ; « A m’tête » pour à ma tête ; « Dell’soupe » pour de la soupe. A part cette défectuosité, leur langage se rapproche notablement du français correct.

Instruction

L’instruction laisse peut-être à désirer dans cette localité : l’éparpillement des habitations sur tous les points du territoire, le manque de chemins praticables ont été pendant longtemps deux obstacles sérieux au développement de l’instruction. D’autre part, les habitudes casanières des petits propriétaires vivant sur leurs pâturages dans une modeste aisance, ne leur font rien désirer de plus pour leurs enfants, aussi se contentent-ils d’une instruction limitée. Toutefois, il faut reconnaître que depuis plusieurs années quelques familles recherchent, surtout pour les jeunes gens, une instruction plus étendue et plus variée, particulièrement en vue des examens du volontariat.

 

Usages

     Il existait autrefois à Clairfontaine un assez grand nombre d’usages locaux qui ont aujourd’hui à peu près complètement disparu.

     Voici quelques-uns de ceux qui existent encore.

     En cas de mariage, il est d’usage que les deux futurs aillent en personne inviter à leurs noces, non seulement leurs parents les plus proches, mais aussi leurs premiers voisins ; et, quand les parents des deux familles sont dans une position aisée, on y ajoute les jeunes gens et les jeunes personnes du même âge que les futurs.

     Après la cérémonie religieuse, on sonne la cloche à grande volée et d’autant plus longtemps que les nouveaux mariés se sont montrés plus généreux à l’égard des sonneurs, qui sont les enfants de chœur. Si les époux sont riches, cette sonnerie se prolonge pendant une grande partie de l’après-midi, et, dans ce cas, on apporte de la maison où se fait la noce aux sonneurs un repas copieux additionné de quelques bouteilles de vin.

     Les baptêmes sont également accompagnés de sonnerie et de plus d’une distribution de bonbons et de petits sous que le parrain et la marraine jettent à la foule des enfants qui se bousculent pour les ramasser.

     S’il s’agit d’un décès, on fait choix pour transporter le défunt à l’église et au cimetière des voisins les plus proches qui s’acquittent gratuitement de la funèbre mission ; mais ils sont invités au repas qui termine toujours la cérémonie des funérailles. L’invitation à ce repas présente une particularité assez originale, c’est qu’elle se fait habituellement au cimetière même immédiatement avant le départ des assistants qui d’ordinaire sont très nombreux. Elle est faite par l’un deux qui en a été chargé par la famille du décédé, et presque invariablement par la formule suivante : « On invite les parents et amis à venir dîner à la maison mortuaire »

     Lorsqu’un nouvel habitant entre dans la commune, c’est une coutume que peu de temps après son arrivée, il réunisse à un dîner ou à une soirée ses voisins et ses connaissances. C’est ce qu’on appelle pendre la crémaillère. Celui qui a bâti une maison se conforme au même usage lorsqu’il est entré dans sa nouvelle demeure.

     Après avoir parlé des usages, ne peut-on ajouter les préjugés et les superstitions qui sont eux-mêmes des usages d’une autre nature ?

     Il y avait autrefois chez les habitants de Clairfontaine des préjugés nombreux qui tendent heureusement à disparaître grâce au développement de l’instruction.

    Ainsi on voit encore aujourd’hui certaines personnes qui ne voudraient pas changer de linge le vendredi de crainte de mourir avant de l’avoir quitté. Un cultivateur ne commence jamais sa fenaison ni sa moisson un vendredi dans la crainte de quelque malheur pendant les travaux. De même, si une inhumation devait se faire dans ce jour néfaste, la cérémonie funèbre serait reportée au lendemain, car ouvrir la terre sainte un vendredi présage la mort d’un membre de la même famille dans les six semaines qui suivent.

     Le cri de la chouette est particulièrement redouté dans la majeure partie de la population de cette commune. Entend-on un de ces oiseaux près de sa demeure ou dans son verger, on tremble de frayeur, et vite, si l’on est muni d’un fusil, on se hâte de l’immoler à ses terreurs. D’autres fois, on pousse plus loin la cruauté. Si l’on découvre la retraite d’une chouette, on s’en empare et l’on cloue toute vivante sur une porte cette pauvre victime de l’ignorance et de la barbarie populaire.

     « Il ne faut jamais toucher à un pendu » est aussi un préjugé en vigueur dans la commune. Un habitant de Clairfontaine verrait un homme pendu et respirant encore, il se sauverait à toutes jambes pour aller prévenir les autorités ; Il n’oserait jamais couper la corde pour rendre à la vie l’infortuné qui veut se suicider ; il croit qu’il serait accusé d’homicide.

     Certaines pratiques superstitieuses sont encore préconisées à Clairfontaine.

     Est-on brûlé d’une façon même grave, au lieu d’avoir recours au médecin, on s’adresse à quelque voisin ou voisine habile qui souffle sur la plaie en observant certains rites qu’il n’est pas permis de modifier, puis il applique des morceaux de linge coupés en triangle appelés « pièces à trois coins » ou bien les dispose en forme de croix. Le pansement est terminé une fois pour toutes ; le patient n’a plus qu’à attendre que la guérison arrive. Si l’on souffre d’une entorse, on a recours à un procédé à peu près analogue. On fait de même pour une coupure. Certains maux d’yeux se guérissent aussi de la même manière. Mais ce qu’il y a de plus inqualifiable, c’est qu’on use en général des mêmes moyens à l’égard des jeunes enfants atteints du chancre. Les traces de la maladie disparaissent en effet des lèvres et de la bouche de l’enfant ; on le croit guéri ; mais il arrive souvent qu’au bout de quelques jours l’innocente créature meurt au milieu d’atroces souffrances.

     La croyance aux sorciers existe encore chez certaines personnes. J’ai entendu raconter par des personnes dignes de foi qu’un propriétaire avait attaché derrière la porte de son étable un caillou suspendu par une ficelle ; quand il entrait le matin, dans son étable, il se hâtait de tordre sa ficelle, prétendant ainsi tordre le cou à un prétendu sorcier dont il avait été la victime. Il y a à peine un an que l’auteur de cet acte de sotte naïveté est décédé.

     Une mère de famille m’a affirmé que son mari, ses enfants et elle avaient été couverts de vermine par l’effet d’un sort jeté sur sa maison par une ennemie. Et quoi que j’ai pu lui dire pour la tirer de son erreur, il m’a été impossible de la faire renoncer à son absurde opinion.

     Il faut convenir qu’aujourd’hui, ces croyances aussi dangereuses que stupides tendent à disparaître et ne se rencontrent plus guère que chez quelques esprits attardés. Je dois ajouter aussi qu’elles n’existent pas seulement à Clairfontaine, mais à toutes les localités environnantes.

 

                                                   II Géographie Historique

 

 

N° 1 à N°7 du questionnaire (1) Voir la fin du cahier

 

     Il n’y a aucune réponse à donner aux questions du n°1 au n°7 du questionnaire concernant la géographie historique (1)

 

N°8 La commune possède-t-elle une ou plusieurs églises ? Leur vocable, date du patron ; donner la longueur de chaque église (à l’intérieur) Décrire le monument, son style, son âge, ses particularités (sculpture, peinture murale, pierres tombales, tableaux, tapisseries, vitraux, mobilier ancien)

 

     La commune ne possède qu’une église dédiée à Sainte Ursule dont la date est inconnue. La longueur intérieure du bâtiment est de 30 mètres. C’est une construction rectangulaire sans style. L’extrémité orientale où se trouve le chœur forme une sorte de demi décagone dont le côté du milieu est occupé par le maître-autel. L’extérieur est flanqué de plusieurs piliers carrés qui n’ont rien de remarquable. Les murs, grossièrement bâtis en moellons et en pierre taillée, offrent de chaque côté la trace de deux arcades dont il ne reste qu’une faible partie et qui paraissent indiquer que la construction fut autrefois plus élevée et plus considérable, puisque ces arcades font supposer que l’édifice avait trois nefs ou au moins des transepts. C’est d’ailleurs une tradition dans le village que l’église actuelle ne serait qu’un reste de celle beaucoup plus grande qui existait au temps de l’abbaye. Il n’y a dans l’église aucune peinture  murale. On y voit deux petites statues en pierre, l’une représentant  la patronne, Sainte Ursule ; l’autre Saint Nicolas et une statue en bois de la vierge. Elles sont toutes sans valeur artistique. Le tableau du maître-autel est une résurrection, copie sans mérite, dit-on, d’un tableau du musée du Louvre. On voit en outre un chemin de croix dont la fondation remonte au 15 avril 1868 ; c’est une peinture à l’huile également sans valeur. Plusieurs fenêtres à vitraux, ne méritent pas non plus d’être mentionnées par la même raison.

 

9° Y a-t-il dans la commune une ancienne abbaye ? Qu’en reste-t-il ? A quel ordre religieux appartenait-elle ?

 

     Il existait autrefois en cette commune une abbaye dont l’origine remonte à 1130 et dont la fondation est communément attribuée à Guy, Seigneur de Guise, qui au 12° siècle céda ce lieu à un nommé Albéric, pour y mener la vie érémitique avec quelques clercs qu’il avait sous sa conduite. Cette abbaye appartenait  à l’ordre des Prémontrés. La maison ayant eu beaucoup à souffrir du voisinage de la frontière pendant les guerres de religion et pendant les guerres avec l’Espagne, elle fut transférée à Villers-Cotterets en 1670. Toutefois, l’abbaye de Clairfontaine continue d’appartenir aux religieux établis à Villers-Cotterets dont l’abbé devait porter le double titre d’abbé de Clairfontaine et de seigneur de Villers-Cotterets, du moins suivant la tradition populaire. Mais dans les actes de l’état civil antérieurs à la révolution, le curé de Clairfontaine se donne les titres suivants. « Prieur curé de CLairfontaine »

(1)   Les armes de l’abbaye étaient de France à la foi de carnation (Histoire des communes du canton d’Hirson par M. Alfred Desmazures)

 

Du n°10 au n°16 

 

Rien à mentionner

 

N°17 Faire l’inventaire des documents historiques de toute nature qui se trouvent dans les archives communales, paroissiales, dans les notariats ou chez les particuliers.

 

     Il n’existe aux archives communales en fait de documents historiques qu’une délibération du conseil municipal en date du 15 mars 1819 qui crée une imposition destinée à couvrir les frais d’entretien d’un corps de troupes russes d’environ cent hommes qui ont occupé cette commune conformément aux traités de 1815 et pour lesquels une caserne fut construite au hameau de Braye. Elle a été démolie depuis.

 

N°18. Les écoles : leur ordre d’enseignement ; sont-elles ecclésiastiques ou laïques ? Date de leur fondation, nombre d’élèves, description des bâtiments. Historique de l’instruction dans la commune.

 

     La commune de Clairfontaine possède trois écoles laïques d’enseignement primaire : une école de garçons et une école de filles, situées toutes deux au centre communal, et une école mixte de hameau établie à la cour de Braye. Jusqu’en 1854, cette dernière école, dont la fondation comme école communale remonte au 20 Août 1835, avait occupé diverses maisons du hameau louées par l’instituteur et à ses frais. Voici, en effet un extrait textuel d’une délibération prise par le conseil municipal le 16 Août 1833 :

     «Le second instituteur (celui de la section) n’ayant jamais reçu aucun traitement, la rétribution de ses élèves montant à 60 à 70 francs a toujours suffie pour lui procurer une existence honnête ; puisque dans le temps ou les instituteurs étaient beaucoup plus rares qu’aujourd’hui, ce hameau n’en a jamais privé »

     « Le conseil d’après ces considérations et vu l’état de la commune qui ne possède aucun revenu, a décidé que l’instituteur de Braye ne recevra encore  aucun traitement fixe de la commune »

Le 24 août 1854, la commune a fait l’acquisition d’une maison de particulier qui a servi de bâtiment scolaire jusqu’en 1881, époque ou une construction nouvelle érigée sur la place publique du hameau est venue remplacer cette ancienne maison qui laissait beaucoup à désirer. La nouvelle maison d’école, peut-être un peu exiguë, comprend un rez-de-chaussée avec cave et un étage. Le rez-de-chaussée se compose de, savoir : sur la façade, un vestibule à droite duquel est la cuisinière avec pompe, à gauche un cabinet ; au fond se trouve la classe qui occupe toute la partie du bâtiment opposée à la façade, avec prise de jour au nord-est et au sud-ouest. Un perron à double rampe donne accès aux deux portes d’entrée de la classe, l’une pour les garçons, l’autre pour les filles. Au sud-ouest de la cour sont les communs et une petite remise au service de l’instituteur. L’étage est distribué de la même manière : deux pièces de façade correspondant à celles du rez-de-chaussée ; mais la partie située sur la salle de classe a été convertie en grenier.

     Les deux écoles du chef-lieu occupent un seul corps de bâtiment acheté par la commune en vertu d’un acte daté des 12 et 16 Janvier 1858.

     Il y a lieu de croire que précédemment à cette date, il existait une promesse de vente, car l’installation de l’école spéciale de garçons et la création de l’école de filles dans le nouveau bâtiment scolaire remontent à l’année 1857. Avant cette dernière date, l’instituteur tenait tout ensemble les deux sexes dans une maison louée à ses frais ; mais il recevait annuellement de la commune 50 francs pour indemnité de logement.

     L’école du hameau compte présentement 25 élèves ; celle des garçons 45 et celle des filles 30.

     La maison acquise par la commune (12 et 16 Janvier 1858) fut divisée en trois parties, savoir : 1° Logement de l’instituteur et salle de classe des garçons ; 2° Logement de l’institutrice et salle de classe de filles ; 3° Mairie. Le bâtiment se compose de deux parties non séparées et forment deux façades : une partie faisant face au sud-ouest sur le jardin qui est commun à l’instituteur et à l’institutrice, comprend le logement de l’institutrice se composant de deux pièces au sud-est , puis de deux cabinets occupant la largeur du bâtiment et séparés des pièces précédentes par un corridor qui donne accès au nord-est sur la cour de l’ école des garçons où l’institutrice vient s’approvisionner d’eau à la pompe qui est commune  avec l’instituteur. Vient ensuite la salle de classe des filles dont la porte d’entrée est au sud-ouest, puis la classe des garçons séparée de la précédente par une cloison en briques ; enfin la mairie, petite salle étroite et exiguë dont la porte d’entrée se trouve sur le chemin qui sépare les écoles de l’église.

     La seconde partie du bâtiment construite en retour d’équerre sur la première ; forme le logement de l’instituteur, lequel se compose : 1° au rez-de-chaussée, de deux pièces, la cuisine où se trouve la porte d’entrée et à gauche une chambre à coucher pouvant servir de salle ; 2° à l’étage (il n’y a que la seconde partie du bâtiment qui en soit pourvue) deux cabinets à gauche et à droite une salle qui correspond à celle du rez-de-chaussée. En outre, sur l’école des garçons se trouve une petite mansarde avec cheminée et fourneaux de cuisine.

     L’école des garçons est encore pourvue d’une belle et grande cour entourée de constructions et de murs qui la ferment de tous côtés ; il n’y manque qu’une grille, mais les ressources communales ne permettent pas d’espérer pour le présent du moins, de la voir pourvue de cet accessoire.

     L’école de Clairfontaine, chef-lieu, doit être de beaucoup antérieure à la révolution ; mais on ne peux pas assigner de date précise à sa fondation, les archives communales, qui se composent des registres de l’état civil seuls, pour cette époque, sont muettes à cet égard. Toutefois, au moment de la Révolution, l’école était dirigée par un instituteur nommé Nouvlon qui fut officier de l’Etat civil à la date du 19 Novembre 1792, fonction qu’il n’exerça que très peu de temps. Mais dans les années suivantes, on le voit souvent paraître comme témoin dans les actes de l’état civil, avec la qualification de maître d’école. Il a dû occuper le poste jusqu’au commencement du 19° siècle, car une délibération du conseil municipal en date du 15 Février 1806 qui nomme M. Bonnechère clerc-laïc de la paroisse dit que celui-ci occupait depuis quelques années déjà le poste d’instituteur dans la commune. On lui assigne : 1°, comme instituteur, 50 fr. d’indemnité de logement plus la rétribution scolaire ; 2°, comme clerc-laïc, un traitement de 250 fr. M. Bonnechère fut remplacé vers 1823 (la date précise manque encore) par M. Gillet qui occupa le poste d’instituteur et de clerc-laïc jusqu’au 8 Octobre 1833, époque où il laissa pour successeur M. Prusse qui mourut en 1842. Celui-ci fut remplacé par M. Gérard, élève sortant de l’école normale primaire de Laon, qui fit son début dans la commune et y mourut en exercice au mois de mai 1874. Son successeur M. Clouet, qui dirigeait l’école du hameau depuis près de 16 ans, est entré le 6 juin de la même année au poste laissé vacant et l’occupe encore aujourd’hui. Ainsi dans l’espace d’un siècle environ, l’école de Clairfontaine n’a changé que six fois de titulaire.

     L’école du hameau de Braye existait avant 1830, car une délibération du conseil municipal en date du 16 Août 1833 est conçue en termes qui ne laissent pas de doute à cet égard et donnent même lieu de présumer que la section avait son école à une époque beaucoup plus reculée, mais on ne peux assigner de date précise à la fondation de cette école.

     Le premier instituteur de Braye dont le nom soit mentionné dans les archives communales, se nommait M. Chevreux qui doit être entré à l’école du hameau vers 1834. Il resta jusqu’en 1852, époque de sa révocation. Il fut remplacé par un élève sortant de l’école normale de Laon. Depuis lors, le poste a reçu six instituteurs qui l’ont occupé successivement et sans interruption ; ce sont : M.M. Cottreaux, Clin, Clouet, Lacoche, Nioul et Mascrès, titulaire actuel.

     L’école des filles de Clairfontaine fondée au chef-lieu communal en 1857 a été dirigée successivement par sept institutrices qui sont : Mmes  Quaniaux, Disant, Machaux, Férand, Hannecart, Godart et Gréhan qui occupe aujourd’hui le poste

 

 

(1)Le travail qui précède était terminé, lorsque j’eus connaissance d’une Histoire des Communes du Canton d’Hirson, dont l’auteur M. Alfred Desmazures, aujourd’hui gérant du journal le Nord de la Thiérache, fait mention dans son livre de quelques événements historiques dont Clairfontaine aurait été le théâtre. Je transcris ci-dessous le court résumé qui m’a été communiqué.

     En 1339, après le débarquement d’Edouard III, roi d’Angleterre, Clairfontaine fut livré au pillage.

     En juillet 1636, ce village fut pillé et brûlé ainsi que l’abbaye par les Espagnols ; Il fut tout à fait ruiné par eux en 1670.

 

 

                                                    III . Géographie économique

 

 

1° Etat des terres : assolement, jachères, engrais, principaux instruments aratoires : les céréales.

 

     Dans la commune de Clairfontaine, les terres sont bien tenues, cultivées avec soin et intelligence, et, quoique le sol soit d’une qualité inférieure, elles donnent généralement d’abondantes récoltes. C’est même grâce aux bons procédés de culture, un travail persévérant du cultivateur et à la production toujours croissante des engrais et à leur bon emploi que l’on est parvenu à faire produire aux terres de cette localité le blé ou froment ordinaire. Il y a un demi-siècle, on ne récoltait guère à Clairfontaine comme céréales propres à la nourriture de l’homme, que l’épeautre et le seigle.

     Les terres cultivées occupent présentement un espace très restreint dans la commune de Clairfontaine ; il est peut-être assez difficile pour cette raison de bien préciser l’assolement en usage. Toutefois, on peut dire qu’il est biennal, savoir : 1° Céréale, blé ; 2° seconde céréale, seigle, épeautre ou avoine ; 3° prairie artificielle : trèfle, lupuline, trèfle rampant ou triolet vulgairement appelé coucou, trèfle incarnat. La jachère a complètement disparu.

     Les céréales cultivées dans la localité sont : le blé ou froment, le seigle, l’épeautre, l’avoine ci-dessus nommés, l’orge carré ou escourgeon et l’orge à deux rangs ou baillorge.

     Les instruments aratoires en usage dans la commune sont : la charrue tourne-oreille ou double-brabant, construite entièrement en fer, l’extirpateur, la herse, en bois ou en fer, le rouleau en bois, en pierre ou en fonte, la faucheuse mécanique américaine, le râteau à cheval et le hache-paille.

 

2° Prairies naturelles ou artificielles, vaines pâtures ; usages existants au sujet des pâturages.

 

     Les prairies naturelles occupent la plus vaste partie du territoire ; elles s’accroissent encore tous les jours par la conversion des terrains cultivés en pâturages. Il y a lieu de croire que dans une dizaine d’années, la culture aura presque entièrement disparu de la localité. Les prairies artificielles comprennent la luzerne, la plus importante, le trèfle, le trèfle incarnat, la lupuline et le trèfle rampant.

     La vaine pâture n’a jamais existé à Clairfontaine, aucun usage à cet égard ne peut donc être signalé.

     Il n’existe aujourd’hui que trois étangs sur le territoire de la commune de Clairfontaine, et encore ont-ils si peu d’importance qu’on se demande s’il doit en être fait mention dans ce travail.

     Le premier de ces étangs, situé sur un terrain formant autrefois place publique à la rue des Cendreux, appartient à la commune ; il s’y trouve un peu de poisson. La pêche, qui est affermée, rapporte annuellement une somme qui n’atteint pas trente francs.

     Le second en importance est à la cour de Braye, et y fait mouvoir un petit moulin à blé qui vient d’être construit d’après les nouveaux procédés par son propriétaire. Avec son ancien outillage, celui-ci se voyait dans l’impossibilité de lutter contre la concurrence des usines similaires qui l’avoisinent.

     Le troisième qui mettait également en mouvement un moulin démoli depuis près de trente ans, appartient à un propriétaire qui l’a transformé en vivier.

   

4° Les arbres fruitiers et la vigne.

 

     Les arbres fruitiers sont peu nombreux à Clairfontaine, le sol argileux et froid, ne permet guère aux arbres ayant acquis un certain développement de végéter dans des conditions convenables ; aussi beaucoup d’arbres fruitiers n’atteignent-ils qu’un faible développement et périssent peu à peu.

     Parmi les arbres à fruits voici les plus répandus et même les seuls que l’on trouve dans la localité : pommier, poirier, prunier, noyer, cerisier, néflier. On cultive en outre en espalier l’abricotier et la vigne.

 

5° Le houblon, la betterave

 

     Le houblon n’est pas cultivé à Clairfontaine ; quant à la betterave, elle y est très peu cultivée et seulement pour être donnée comme fourrage aux vaches laitières.

 

6° Cultures de toutes espèces

 

     Les autres cultures qui sont celles du jardinage n’ont rien d’important et diminuent encore par suite de la facilité avec laquelle on s’approvisionne de légumes et autres plantes potagères sur les marchés des communes environnantes.

 

7° Les défrichements.

 

     Des défrichements considérables ont eu lieu sur le territoire communal il y a de cela trente à quarante ans. Tous les bois qui occupaient alors une partie du territoire ont entièrement disparu, et ont été remplacé par de riches pâturages qui nourrissent un nombreux bétail.

 

8° Les biens communaux.

 

     Néant

 

9° Les animaux domestiques : chevaux, mulets, ânes, bêtes à cornes ou à laine, chèvres, porcs ; les abeilles. Les animaux nuisibles et les insectes utiles.

 

     Les animaux sont très nombreux à Clairfontaine. L’espèce chevaline y diminue graduellement de nombre par suite de la conversion des terres cultivées en pâturages. En général, les chevaux qui sont assez variés d’espèces, n’offrent point de sujets remarquables. Il n’y a pas de mulet dans la commune, et l’espèce asine n’y est représentée que par un petit nombre de sujets.

     En revanche, la race bovine y est très nombreuse et s’y trouve largement représentée par la vache laitière, car la production du beurre et du fromage est la principale et la plus importante industrie de la commune.

     Les moutons y furent autrefois nombreux, mais aujourd’hui il ne reste plus que deux faibles troupeaux comptant en moyenne trois à quatre cents têtes et qui disparaîtront bientôt faute de pâturage, dès que le peu de terre encore en culture auront fait place à des prairies naturelles.

     On voit peu de chèvres à Clairfontaine ; mais on y élève un grand nombre de porcs pour la consommation des résidus de la laiterie.

     Un petit nombre de propriétaires amateurs possèdent quelques ruches d’abeilles ; mais l’industrie ne prend aucun développement, car le produit que peut donner un rucher même important est trop minime pour dédommager suffisamment le propriétaire de sa peine et de son temps.

     Les animaux nuisibles, si l’on y comprend les insectes, pulullent sur le territoire. Ce sont : les rats, les souris, les loirs, les limaces grises, les limaçons, les grosses limaces rouges, les hannetons et leur larve, les courtilières, les pucerons, les fourmis, les guêpes, les forficules ou perce-oreilles, les diverses espèces de chenilles, les lombrics ou vers de terre, les punaises.

     Parmi les insectes utiles, je ne vois que les abeilles et le crabe doré ou cheval du bon Dieu.

 

10° La chasse et la pêche. Leurs produits, les conditions auxquelles elles sont soumises.

 

     La chasse est presque entièrement libre sur tout le territoire communal ; il n’y a que quelques propriétaires qui réservent celles de leurs biens. Le gibier est d’une rareté proverbiale à Clairfontaine : le produit de la chasse ne doit donc pas être signalé. Il en est de même de la pêche, la commune n’ayant pas de grand cours d’eau.

 

11° Sociétés agricoles, etc

 

     Néant

 

12° Carrières, mines et minières.

    

     Néant

 

13° Usines et manufactures : conditions des ouvriers

 

     Il n’existe comme usine à Clairfontaine que le moulin de la cour de Braye, dont il a «été parlé ci-dessus à l’article étangs n°3. Ce moulin qu’une importance très secondaire, est dirigé par son propriétaire aidé d’un seul homme, domestique à gages au mois ou à l’année, et qui vit et qui demeure chez son patron.

 

 

 

 

Extraits de quelques délibérations prises par le conseil municipal de                           Clairfontaine pour la formation du traitement de l’instituteur avant la promulgation de la loi de 1833

 

                          Le 15 Février 1806

 

     « Jean Baptiste Bonnechère a été nommé clerc-Laïc cumulant les fonctions d’instituteur à Clairfontaine et à Sommeron.

     Son traitement est fixé ; savoir comme instituteur 1° à cinquante francs par an pour indemnité de logement que doit à lui fournir la commune. 2° à quarante centimes par mois pour chaque élève à qui Il enseignera la lecture seulement. 3° cinquante centimes par chacun de ceux auxquels Il enseignera la lecture, l’écriture et les éléments du calcul, ces dernières sommes lui seront payées par les parents des enfants. En ce qui regarde les fonctions dudit Sr Bonnechère en qualité de clerc-laïc son traitement est également fixé à la somme de deux cent cinquante francs ; lui sera payé par trimestre par les fidèles desdites deux communes suivant l’échelle et dans les proportions établies dans l’acte précité du 15 Janvier 1786 à l’effet de quoi il sera dressé dans chacune des communes de Clairfontaine et de Sommeron un rôle de répartition de sa part contributoire au traitement dont il s’agit arrêtent en outre que copie du présent arrêté sera adressée à Messieurs les préfet et sous préfet pour recevoir leur approbation.

     Une délibération prise en date du 10 mars 1823 porte en préambule que le sieur Nicolas François Gillet exerçant actuellement les fonctions de clerc laïc et d’instituteur dans la commune de Clairfontaine est maintenu dans l’exercice de ses fonctions. Et dans la même séance le conseil municipal fixa de la manière suivante les éléments du traitement de l’instituteur :

     2° Son traitement est fixé comme instituteur : 1° à vingt cinq francs par an. 2° à soixante centimes par mois par chaque élève qu’il enseignera la lecture. 3° à soixante quinze centimes pour chacun de ceux auxquels il enseignera la lecture et l’écriture. A quatre vingt dix centimes à chacun de ceux qu’il enseignera la lecture, l’écriture et les élements du calcul, ces dernières sommes lui seront payées par les parens des enfans ; il est entendu que les élèves seront chauffés aux frais de l’instituteur.

    En ce qui regarde les fonctions dudit Sr Gillet, en qualité de clerc laïc son traitement est fixé à deux cens francs qu’il lui sera payé par trimestre par les fidèles de cette commune suivant le mode adopté, à la charge  pour lui de sonner l’Angélus tous les jours le matin, à midi et le soir, ainsi que pour les trépas, les services et les baptêmes de s’assurer si les portes de l’église sont bien fermé le soir, afin d’éviter la malveillance de Chanter les vêpres tous les samedis ainsi que Matines et Laudes les jours de fêtes chommées, d’aproprier tous les vases non sacrés qui servent à l’ornement de l’église et de tenir tout le reste en etat de propreté et de décence, d’assister le prêtre dans toutes ses fonctions eclésiastique toutes les fois que le besoin l’exigera et de veiller en outre à ce que toutes les fonctions se fassent pour la plus grande gloire de Dieu.

 

     A la date du 8 7bre 1823, nomination du sieur Antoine Joseph Prusse comme   instituteur et clerc-Laïc de la commune de Clairfontaine. Son traitement est fixé sur les mêmes bases que celui de son prédécesseur, et les mêmes obligations lui sont imposées quant à ses fonctions de clerc-laïc

 

                                  A Clairfontaine, le 17 janvier 1884.                  

                                  L’instituteur

                                  Signé Clouet

 

 

           

Extraits de diverses délibérations prises par le conseil municipal de la commune de Clairfontaine pour la formation du traitement de l’instituteur dans les années antérieures à 1833

 

                              Séance du 15 Février 1806

 

Les membres des conseils municipaux des communes de CLairfontaine et Sommeron réunis en conséquence des dispositions de l’arrêté de Monsieur le Préfet en date du 19 Messidor an 13, portant que les mairies de ces communes sont autorisés à convoquer leurs conseils municipaux pour délibérer sur les traitements à attribuer au clerc du Chœur et des sacrements.

Vu 1° L’arrété des principaux habitants de la commune de Clairfontaine en date du 26 pluviose an 13 qui, en admettant le S. Jean Baptiste Bonnechère pour instruire leurs enfants, contient l’expression de leur vœu pour que ledit Bonnechère soit institué clerc laïc de cette succursale aux émoluments et rétribution que les anciens maires, Echevins, Sindics et principaux habitants des dites deux communes ne formant jadis qu’une seule et même paroisse, avaient été dans l’usage d’attribuer à cette fonction.

2° L’arrété de la cour épiscopale de Soissons en date du premier prairial an 13 qui institue le dit S. Bonnechère clerc du Chœur et des sacrements.

Considérant que la situation locale des communes de Clairfontaine et Sommeron qui ne sont composées que de hameaux épars, nécessite l’établissement d’écoles privées sur leurs différents points, que, les élèves à portée de suivre l’école publique se réduit nécessairement à un nombre  tellement faible que l’instituteur ne peut subsister avec la rétribution qu’il en perçoit.

Considérant que les personnes qui se sont successivement dévouées à l’instruction des enfants au chef-lieu de la commune de Clairfontaine ont constamment cumulé les fonctions de Maître d’école et de clerc laïc ; qu’il était d’usage immémorial d’attribuer à cette dernière fonction un traitement dont le paiement dans les deux communes s’effectuait par chaque chef de famille, suivant la classe ou echelle où ses facultés foncières le plaçait ; que cet ouvrage a été consacré notamment par une délibération des Maires, Echevins, Syndics et principaux habitants de Clairfontaine et Sommeron, en date du 16 janvier Mil sept cent quatre vingt six, controlé à la Capelle le 27 du même mois et an, à l’occasion de la promotion d’un nouveau clerc en remplacement de celui qui venait de mourir et à l’égard duquel il avait été également saturée.

                 Arrêtent ce qui suit

1° Le Sr Jean Baptiste Bonnechère exerçant actuellement les fonctions de clerc-laïc et d’instituteur dans la commune de Clairfontaine, et définitivement nommé à cette dernière fonction outre qu’il sera tenu de se conformer aux règles que lui prescrit l’instituteur qu’il a reçue de la Cour Episcopale, notamment en ce qu’il ne doit se servir que de bons livres ; et propres à faire germer dans les ames tendres des enfants les principes de la religion et des mœurs, il lui est enjoint de se conformer strictement aussi aux lois et arrétés concernant les instituteurs des écoles primaires.

2° Son traitement est fixé : savoir comme instituteur à cinquante francs par an pour indemnité du logement que doit lui fournir la commune ; 2° à quarante centimes par mois par chaque élève qu’il enseignera la lecture seulement ; 3° cinquante centimes par chacun de ceux auxquels il enseignera la lecture, l’écriture et les éléments du calcul, ces dernières années lui seront payées par les parents des enfants.

En ce qui regarde les fonctions du dit S. Bonnechère en qualité de clerc-laïc. Son traitement est également fixé à la somme de cent cinquante francs ; elle lui sera payée par trimestre par les fidèles des dites deux communes suivant l’échelle et dans les proportions établies dans l’acte précité du 15 Janvier 1736 ; à l’effet de quoi il sera dressé dans chacune des communes de Clairfontaine et Sommeron, une note de répartition de sa part contributoire au traitement dont il s’agit. Arrêtent en outre que copie du présent arrété sera adressée à Messieurs les préfets et souspréfets pour recevoir leur approbation.

        Fait et arrété en séance les dits jour et an

             Suivent les signatures des membres présents

 

 

 

                                  Séance du 10 Mars 1823

Les membres du conseil municipal de CLairfontaine, réunis en séance, en vertu de l’autorisation de Monsieur le Préfet du département de L’aisne , en date du 18 février dernier à l’effet de délibérer sur le traitement et condition du clerc-laïc de cette commune.

Considérant que depuis plusieurs années le Sr Nicolas François Gillet exerce la profession de clerc-laïc et d’instituteur dans la commune de Clairfontaine. Sans autre institution de la part de la commune, que celle qu’il a reçu verbalement de l’autorité locale, lorsque son prédécesseur a renoué à cette fonction.

Considérant qu’il importe de lui assurer par un acte revêtu de l’approbation de Monsieur le préfet, le traitement qu’il lui est attribué pour ces mêmes fonctions, ce pour lequel il n’avait été que verbalement statué.

                                  Arrêtent ce qui suit.

1° Le Sr Nicolas François Gillet exerçant actuellement les fonctions de clerc-laïc et d’instituteur dans la commune de Clairfontaine est maintenu dans l’exercice de ses fonctions, outre qu’il sera tenu de se conformer aux règles que lui prescrivent l’institution qu’il a reçu de la cour Episcopale ; en ce qu’il ne doit se servir que de bons livres et propres à inspirer aux enfants, les principes de la religion et des mœurs ; il lui est aussi enjoint de se conformer extrictement aux lois et arrété, concernant les institutions des écoles primaires.

2° Son traitement est fixé comme instituteur savoir ; 1° à vingt cinq francs par an pour indemnité de logement 2° à soixante centimes par mois par chaque élève qu’il enseignera la lecture seulement 3° à soixante quinze centimes par chacun de ceux auxquels il enseignera la lecture et l’écriture 4° et à quatre vingt-dix centimes à chacun de ceux qu’il enseignera la lecture, l’écriture et les éléments de calcul, ces dernières sommes lui seront payées par les parents des enfants ; il est entendu que les élèves seront chauffés aux frais de l’instituteur.

En ce qui regarde les fonctions du dit Sr Gillet en qualité de clerc-laïc Son traitement est également fixé à deux cents francs, qu’il lui sera payé par trimestre, par les fidèles de cette commune suivant le mode adopté à la charge par lui, de sonner l’angélus tous les jours, le matin, à midi et au soir, ainsi que pour les trépas, les services et les baptêmes de s’assurer si les portes de l’église sont bien fermées le soir afin d’éviter la malveillance ; de chanter les vêpres tous les samedis ainsi que Matines et Landes les jours de fêtes chaumées, d’aproprier tous les vases non sacrés qui servent à l’ornement de l’église et de tenir tout le reste en état de propreté et de décence, d’assister le prêtre dans toutes ses fonctions ecclésiastiques, toutes les fois que le besoin l’exigera, ce de veiller en outre a ce que toutes les fonctions se fasse, pour la plus grande gloire de Dieu.

  Arrêtent en outre que copie du présent arrêté sera adressé à Monsieur le Préfet et sous-préfet, pour recevoir s’il y a lieu leur approbation.

Fait en séance en présence du Sr Jean Joseph Loth maire, André Fontaine, Jean Baptiste Mambour, Alexis Bosquet, Jean Louis Petit, Antoine François Lemaire, François Brucelle, Antoine Monjot et Pierre Louis Mahy tous membres du conseil municipal, de Jean Joseph Mahy et Pierre Joseph Mahy tous deux pères de famille demeurant tous en la commune de Clairfontaine qui ont signé l’an et jour susdit

                   Suivent les signatures des membres présents

 

 

                                 Séance du 8 septembre 1823

Les membres du conseil municipal de la commune de Clairfontaine, réunis sous la présidence de Mr le Maire en vertu de l’autorisation de Mr le Préfet en date du 8 Août qui nous a été transmise par une lettre de Mr le sous-préfet en date du treize de ce mois. Classée sous le N° 1365, à l’effet de délibérer sur la fixation du traitement du Sr Antoine Joseph Prusse qui a été choisi en qualité d’instituteur et clerc-laïc au concours qui a eu lieu le vingt deux juillet dernier, d’après la démission préalable du Sr Nicolas François Gillet son prédessesseur

                              Arrêtent ce qui suit

Art 1° Le Sr Antoine Joseph Prusse qui exerce la fonction de Maître d’école et clerc-laïc depuis sa nomination au concours est définitivement nommé dans ces fonctions, il sera tenu en conséquence de se conformer aux règles que lui prescrivait l’instruction qu’il a reçu de la cour épiscopale, et qu’il ne doit se servir que de bons livres propres à inspirer aux enfants, les principes de la religion et des mœurs, il lui est aussi enjoint de se conformer extrictement aux lois et arrêtés concernant les institutions des écoles primaires. 2° Son traitement est fixé comme instituteur savoir : 1° à vingt-cinq francs par an pour indemnité de logement. 2° à soixante centimes par mois par chaque élève qu’il enseignera la lecture seulement 3° à soixante quinze centimes par chacun de ceux auxquels il enseignera la lecture et l’écriture, 4° et à quatre vingt-dix centimes à chacun de ceux qu’il enseignera la lecture, l’écriture et les éléments de calcul. Ces dernières sommes lui seront payées par les parents des enfants, il est entendu que les élèves seront chauffés aux frais de l’instituteur.

En ce qui regarde les fonctions dudit Sr Antoine Joseph Prusse en qualité de clerc-laïc, son traitement est également fixé à la somme de deux cents francs, qui lui seront payés par trimestre par les fidèles de cette commune suivant le mode adopté, à la charge pour lui, de sonner l’angélus tous les jours, le matin, le midi et le soir, ainsi que pour les trépas, les services et les Baptêmes, de s’assurer si les portes de l’église sont bien fermées le soir afin d’éviter la malveillance, de chanter les vêpres tous les samedis ainsi que Matines et Laudes, les jours de fête chaumée, d’approprier tous les vases non sacrés qui servent à l’ornement de l’église et de tenir tout le reste en état de propreté et de décence, d’assister le prêtre dans toutes ses fonctions ecclésiastiques toutes les fois que le besoin l’exigera, et de veiller en outre à ce que toutes les fonctions se fassent, pour la plus grande gloire de Dieu.

Arrêtent en outre que copie du présent arrété sera adressée à Messieurs le Préfet et sous-préfet pour recevoir s’il y a lieu leur approbation.

Fait en séance en présence des Srs Jean Joseph Loth Maire, André Fontaine, Jean Baptiste Mambour, Jean Louis Petit, Antoine François Lemaire, François Brucelle, Antoine Monjot, Augustin Mahy, Pierre Louis Mahy et Alexis Bosquet tous membres du conseil municipal de la commune de Clairfontaine qui ont signé l’an et jour susdit ainsi que Mr Foucamprez adjoint.

                 Les membres présents ont signé au registre

 

 

Une délibération en date du 14 novembre 1817 établissant les dépenses pour la présente année porte passage :

4° L’indemnité de logement accordée au maître d’école fixé à trente francs ci…..30f

Une délibération du 24 juin 1818 porte la même mention

Une seconde délibération du 26 du même mois, fixant les dépenses communales pour l’année 1819 porte : 3° Le traitement du maître d’école fixé à deux cents vingt cinq francs, ci …….225f

Il n’est plus question de l’indemnité de logement.